Shoppermind

Market places

Market places et cross-border commerce : quel impact sur les marques et distributeurs ?

Market places et cross-border commerce : quel impact sur les marques et distributeurs ? 2560 1440 Altavia

 

Dans le cadre de la journée e-commerce organisée par l’IFM le 7 juin dernier à Paris, Jean-Marc Mégnin, Directeur Général de ShopperMind et expert en tendances shopper, a été invité à intervenir sur le thème « Market places et Cross border commerce : peut-on éviter le débordement ? ». L’occasion de s’entretenir avec lui et d’en apprendre un peu plus sur une tendance que marques et distributeurs ne peuvent plus se permettre d’ignorer.

 

Si le concept de market place est pour beaucoup déjà familier, il n’en va pas forcément de même pour le cross-border commerce. Quelle est sa définition selon vous ?

 

Qui dit market place dit abolition des frontières, aussi bien physiques que digitales. Les market places ouvrent des boutiques de commerçants qui ne sont pas forcément implantés localement. Prenons l’exemple du site français dédié au bricolage ManoMano, [NDLR : anciennement MonEchelle.fr]. Sur sa place de marché sont référencés aussi bien des vendeurs français, qu’italiens ou espagnols, des commerçants, des e-grossistes. Et certainement des marques qui en profitent pour discounter. Tout le monde peut vendre sur une market place : retailers de tous pays, marques, y compris de distributeurs, grossistes spécialisés dans la vente online, e-retailers pure players, retailers brick and mortar…ou tout bêtement votre boutique de quartier !

 

Justement, qu’est-ce qui pousserait mon épicier de quartier à vendre sur une market place comme Amazon ?

 

Si votre épicier veut étendre son activité, deux options s’offrent à lui. Soit il ouvre son propre site, ce qui l’oblige à avoir un gros trafic pour amortir son modèle, et l’on connaît le coût de recrutement sur le web pour un commerçant… il est exorbitant. Soit il décide d’ouvrir sa boutique sur Amazon. Cela ne coûte pas cher et Amazon peut se charger de toute sa logistique. De plus, cela lui permet de pouvoir dire à ses clients : « Si tu n’as pas le temps de venir chez moi, achète sur Amazon et je te livre ! ». C’est le cas de Eataly, à New York ou à Milan, qui confie à Amazon Prime Now la livraison de ses clients en moins d’une heure.

 

Dans votre présentation, vous parlez de « débordement ». Estimez-vous que la noyade des commerçants face à la tendance cross-border commerce sera inévitable ?

 

Pendant quinze ans, les commerçants ont appris à s’armer contre le e-commerce en devenant des marchands à la fois on et offline. Mais c’était sans compter le nouveau modèle destructeur que constituent les places de marché. La population de vendeurs tiers y est très hétéroclite. Et c’est dans cet hétéroclisme que réside le danger : on y trouve toutes les catégories de produits, de n’importe quelle origine et à n’importe quel prix. La politique des prix sur les market places va ainsi être extrêmement difficile à maîtriser ! Autre conséquence de cette évolution : la possibilité pour les marques de vendre en direct.

 

Ont-elles un réel intérêt à le faire ?

 

Dans un premier temps, cela risque de les déstabiliser, notamment dans les relations qu’elles entretiennent avec leurs distributeurs historiques. Ces derniers peuvent voir d’un mauvais œil le fait que les marques décident de vendre en direct. Néanmoins, compte-tenu, justement, de la quantité et de la diversité de l’offre que ce nouveau modèle va apporter, les marques vont être obligées de passer elles-mêmes à la vente directe pour garder le contrôle ou, au moins, pour voir comment cela marche. C’est inévitable. D’autre part, les marques y voient aussi l’opportunité de ‘’reprendre la main’’ sur leurs consommateurs pour mieux les connaître et anticiper les évolutions comportementales inhérentes à la révolution digitale. Pour mener à bien cette transformation, les marques devront travailler main dans la main avec les distributeurs et ne pas choisir un canal au détriment d’un autre !

 

En tant qu’expert du retail, quel regard portez-vous, personnellement, sur les market places ?

 

Je pense que c’est un modèle excessivement intéressant. Les deux historiques, Amazon et Alibaba, sont ceux qui influencent le plus les autres. Or, leurs modèles sont complètement différents ! Amazon a une ambition en totale adéquation avec son ADN américain : devenir le plus grand hypermarché du monde et servir le client, qui a toujours été prioritaire pour les américains et qui a fini par être un peu oublié chez nous. En revanche, l’obsession de Jack Ma, adepte du Taïchi, et fondateur d’Alibaba, est d’aider le small business, les petites boutiques. Il veut pouvoir offrir au petit producteur chinois la possibilité de vendre sur la totalité du territoire chinois, voire au-delà, mais également permettre aux petites marques du monde entier de pouvoir vendre en Chine. En cela, sa démarche est plus sociale : Alibaba a cette vocation d’aider les gens à s’ouvrir sur le monde.

 

Cette différence de culture s’exprime-t-elle également dans les fonctionnalités offertes par leurs sites respectifs ?

 

Effectivement, la qualité de traitement des boutiques de marques sur Alibaba n’a rien à voir avec celle que l’on trouve sur Amazon. Sur Alibaba, on peut flâner comme dans un centre commercial virtuel ! Même lorsqu’ils font leurs courses en ligne, les chinois ont pour habitude de flâner, s’informer et comparer avant d’acheter. Les market places l’ont compris en offrant aux marques des boutiques au look and feel très « virtual store ». Cela peut d’ailleurs influencer les marques de connaître ce type de boutiques clé en main, par le biais desquelles elles peuvent s’exprimer. Lorsqu’une marque veut s’exporter en Chine, soit elle ouvre son propre site et attend patiemment d’atteindre la barre du million de clients, soit elle va sur TMall avec un accès direct à 280 millions de clients !

 

Les marques ont-elles tout de même un intérêt à ouvrir leur propre site chinois ?

 

En général, elles ouvrent à la fois leur propre site et une boutique sur TMall, à l’instar de la marque enseigne Yves Rocher, ou encore Coca-cola. Le problème avec les market places, c’est que les data clients ne vous appartiennent pas. Il faut donc jouer un peu avec les deux !

 

En conclusion, quelle sera la prochaine étape, en France, du développement du cross-border commerce ?

 

L’alimentaire. C’est ce qui va devenir crucial. On s’attendait tous à voir débarquer très rapidement, en Europe les petits camions verts Amazon Fresh. En fait, ils se donnent du temps, tout en développant déjà leur service ‘’urbain’’, Amazon Prime Now, qui propose la livraison en une heure pour 5,90€ à ses abonnés Premium à Londres, Milan, Berlin, Barcelone et Paris depuis la semaine dernière. Et lorsque l’on voit les statistiques ou les annonces en déclaratif des Français, on se rend compte qu’ils sont prêts à acheter leur alimentaire en ligne. Ils le prouvent déjà quotidiennement avec le Drive et il n’y a pas de raison que demain, Amazon ne se taille pas une part dans ce marché-là. C’est balbutiant, ils ont largement le temps.

 

shoppermind collabore avec AltaviaLab

Le Baromètre de la Valeur Shopper s’exporte en Italie

Le Baromètre de la Valeur Shopper s’exporte en Italie 1527 859 Altavia

 

Fort de son succès français, le baromètre de la Valeur Shopper ShopperMind sera lancé dès cet été en Italie.

 

Initié en France il y a plus de cinq ans par ShopperMind -l’observatoire de tendances de consommation du groupe Altavia, le Baromètre de la Valeur Shopper est la plus grande étude 100% orientée clients de la distribution. Chaque année, sont ainsi interrogés plus de 5.000 clients de 130 enseignes tous secteurs confondus, sur la base des dix attentes fondamentales constituant la Valeur Shopper.

 

Devenu un incontournable en France pour toute enseigne désireuse de créer un lien fort avec ses clients, le Baromètre de la Valeur Shopper s’exporte à présent en Italie avec pour ambition, à moyen terme, de devenir une référence à l’échelle de l’Europe. « Nous entamons les discussions avec d’autres pays Européens comme la Belgique et l’Espagne », se réjouit Jean-Marc Mégnin, Directeur Général de ShopperMind. « Et notre vœux est de le lancer aussi au Royaume-Uni dès 2017. Ce baromètre n’a pas vraiment d’équivalent pour les distributeurs. Il n’existe qu’une seule étude réellement concurrente du Baromètre de la Valeur Shopper, et sa dimension est européenne. A nous de relever le challenge avec les BUs qui veulent faire partie de ce bel objectif. »

 

Préparé en collaboration avec AltaviaLab, le département d’Altavia Italia dédié à l’innovation et à l’expérimentation, le Baromètre italien de la Valeur Shopper, dont les résultats seront annoncés en juillet prochain, permettra, pour la première fois, de connaître la perception qu’ont les clients italiens de leurs enseignes de la distribution.

 

ShopperMind @MPV-POPAI 2016 : vers un magasin de plus en plus social

ShopperMind @MPV-POPAI 2016 : vers un magasin de plus en plus social 1965 725 Altavia

 

A l’issue du salon Marketing Point de Vente,  qui s’est déroulé du 5 au 7 avril à Paris, Jean-Marc Megnin, Directeur Général  de ShopperMind, a invité les visiteurs à repenser le magasin de demain, à travers sa conférence « De New York à Shanghai, les tendances sociétales et commerçantes 2016 ».

 

Bien au-delà de la traditionnelle liste de best practices, c’est par une approche prospectiviste du retail que le spécialiste des tendances shopper a abordé le rôle que le magasin joue aujourd’hui et devra jouer demain au sein de notre société. Une société « en mouvance permanente » selon lui, dont les commerces « sont le reflet ».  Si nous, citoyens consommateurs, sommes perpétuellement en mouvement, vers quoi tendons-nous ? Et quels sont et seront les impacts de cette évolution sur le retail ?

 

Des moments de plaisir, oui. Mais à moi, et quand je veux.

 

« Même au sein de cette société en mouvance, les citoyens recherchent des moments de plaisir à eux , estime Jean-Marc Megnin,  même pour acheter. Et si ce plaisir n’est pas au rendez-vous alors  la tentation sera de vouloir rester chez eux ou entre eux. Le digital leur offre cette possibilité, avec Amazon, par exemple, qui en profite. »

 

Quelles conséquences sur les magasins ? « On remet de l’humain car un magasin sans service ne marcherait pas.  L’une des grosses tendances actuelles dans l’alimentaire de centre-ville, explique Jean-Marc Megnin,  est de réallouer des espaces de consommation dans le magasin. Et pas seulement chez Wholefood, mais également chez … Franprix. »

 

S’il cherche effectivement des endroits où « se poser » , le consommateur d’aujourd’hui n’en est pas moins impatient : lorsqu’il ressent le besoin d’acheter un produit, il veut y avoir accès de suite !

 

nespresso-dalloyau

L’espace Dalloyau et le Nespresso Cube, magasin Nespresso des Champs-Elysées

Deux tendances assimilées et mises en pratique par Nespresso dans sa boutique des  Champs-Elysées qui, par le biais d’un partenariat avec le traiteur Dalloyau, donne la possibilité au client souhaitant se poser de travailler ou de se restaurer sur place. Le client impatient peut, quant à lui, acheter des capsules de café quelle que soit l’heure, grâce à une  »vending-machine » luxueuse,  le Nespresso Cube, mise à sa disposition 24h/24.

 

Singles, même en couple !

 

Qui sont ces nouveaux consommateurs, à la fois avides de repos et d’instantanéité ?

 

« Les nouvelles générations, millenials et autres digital natives », répond le patron de ShopperMind. Or, « Un millenial sur quatre ne se mariera  jamais. Et en couple aussi, on apprend à vivre en « single ». Même ensemble ! »

 

« Single, sans attaches, urbain de deuxième couronne (le centre-ville est devenu trop cher) », le millenial s’est mué en « nomade ubérisé quotidien », analyse l’expert du retail. Il va même plus loin : « Chez ShopperMind, nous sommes convaincus que la consommation se tinderise ! »

 

D’aucuns pourraient qualifier pareille analogie de saugrenue et pourtant, comme n’importe quel utilisateur de Tinder, le nouveau consommateur souhaite trouver, rapidement et simplement, une offre personnalisée, aussi bien en termes de produits que d’expérience en magasin. « Le consommateur swipe jusqu’à ce qu’il trouve le bon match avec un magasin. »

 

Le magasin sera social ou ne sera plus

 

De cette tinderisation découlent les quatre tendances-clés qui font dorénavant du rôle social, voire sociétal du magasin un passage obligé pour les retailers du monde entier :

 

  • L’impatience : quoi de mieux pour y répondre que la promesse, par exemple, de pouvoir se faire livrer le jour même ? Un service qu’il n’est pas possible d’offrir pour tous les magasins, et pourtant, rien n’est impossible pour qui veut satisfaire ses clients, comme la chaîne de magasins de produits italiens Eataly à New York, qui a confié sa livraison à… Amazon.

 

  • La simplicité : une tendance de fond parfaitement illustrée par le dernier-né des Apple Stores, à Memphis : le Genius Bar disparaît, ainsi que les ILV. Seuls les écrans sont présents sur les tables. « On peut venir uniquement pour travailler sur les ordinateurs si on le souhaite, commente Jean-Marc Megnin. Chez Apple on fait table rase de tout le superflu. Même le logo a disparu ! »

 

apple store memphis

Le nouveau concept Apple Store, Memphis

 

La dernière lubie du géant à la pomme ? Pas uniquement : la simplicité est devenue un maître mot pour bon nombre de retailers et restaurateurs à travers le monde. Un moyen pour eux de muer leurs points de vente en espaces de socialisation, ou encore de faciliter le parcours de leurs clients en magasin.

 

  • La personnalisation : quoi de mieux pour faire revenir un client en magasin que de le distraire ? Ce n’est pas l’anglais Selfridges qui affirmera le contraire. Personnalisation de votre pot de Nutella ou d’une bouteille de champagne avec votre photo : de quoi passer un bon moment en magasin !

 

Selfridges

Selfridges, Londres

 

  • L’expérience : vers un magasin expérientiel et émotionnel.

 

kiels game china

La gamification par Kiehl’s, Hong-Kong

 

Offrir une expérience à son client peut passer par le service, comme chez Nike, qui propose un espace services à chaque étage de son flagship store. Cela peut également passer par le jeu, comme dans le magasin Kiehl’s de Hong Kong où le client peut jouer et gagner des échantillons en scannant un QR code avec son mobile via le réseau social chinois Wechat.

 

« Le commerce est à l’image de notre société, en mouvance permanente, conclut Jean-Marc Megnin. L’omnicanal n’est plus une option, il est devenu obligatoire car intégré. Le vrai canal, c’est le client ! »