​​La filière de la jardinerie sur des charbons ardents

​​La filière de la jardinerie sur des charbons ardents

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Le “crush” des Français pour le jardinage n’est pas un secret et les chiffres le prouvent : neuf Français sur dix ont un petit coin à cultiver, dont 7 possèdent un jardin. Plus d’un million d’hectares de jardin sont plantés, alors que chaque jardinier amateur dépense en moyenne 290€ par an.

Cette passion est portée par un impressionnant écosystème de production et de distribution : 1 700 jardineries, 1 733 magasins agricoles en libre-service et 15 104 fleuristes. Sans oublier les 3 611 entreprises horticoles françaises, premiers fournisseurs des distributeurs de produits de jardin. (source : FNMJ).
En 2018, les distributeurs de la filière jardinerie et animalerie représentaient près de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Il faut cependant noter que le secteur a connu un exercice 2018 compliqué. La Fédération nationale de l’industrie du jardin (FNMJ) a fait état d’un bilan négatif pour le secteur cette même année : “les jardineries ont enregistré une baisse globale de 1,5% de leur chiffre d’affaires, annulant la hausse de 1,6% en 2017″. 


Covid-19 : Un coup d’arrêt au pire moment de la saison

Pour endiguer la pandémie, des mesures drastiques ont dû être mises en place et des sacrifices, de la part de tous, ont été nécessaires. Dans un premier temps, les pouvoirs publics (à partir du 14 mars 2020) ont ordonné la fermeture de la plupart des lieux publics, dont une grande partie des entreprises françaises. Les jardineries (hors animaleries) ont été contraintes de fermer leurs portes. Cette fermeture intervient au pire moment, le printemps représentant 80 % du chiffre d’affaires annuel du secteur du jardinage.


Les enjeux

Cette décision a suscité plusieurs inquiétudes et a ébranlé l’ensemble de la filière, ainsi que de nombreux passionnés de jardinage.
“Le bien manger », « la bio », « la traçabilité des produits », « la consommation responsable et durable » : chacun de ces termes a une résonance toute particulière pour les jardiniers amateurs qui cultivent leur potager. Cette dynamique est une tendance de fond sur laquelle s’appuient les stratégies des grandes enseignes de la distribution alimentaire. Planter, cultiver, récolter et surveiller sa propre production de fruits et légumes, c’est savoir exactement ce qui va se retrouver dans son assiette.
Ces nombreuses “petites mains” représentent aussi un véritable gisement de produits frais et sains. Le 4 avril 2020, face au Covid-19, l’OMC, l’OMS et la FAO ont mis en garde contre le risque d’une crise alimentaire mondiale causée par le manque de main d’œuvre agricole, les difficultés logistiques et le manque de protection des employés dans la chaîne alimentaire. Même si la France semble à l’abri d’une pénurie alimentaire, il n’est pas déraisonnable d’anticiper le pire en imaginant que nous allons nous retrouver sans ressources. Il est également dommage de se priver de cette manne que représentent les cultivateurs amateurs : les jardiniers contribuent, indéniablement, à la sécurité alimentaire.
Les mesures de confinement sont extrêmement contraignantes. Interdire de facto à la “tribu” des jardiniers de vivre leur passion est, sans nul doute, une source d’immense frustration en cette période cruciale pour les semences de toutes sortes et, par conséquent, les récoltes futures. Par ailleurs, le jardinage représente, pour certains d’entre eux, des revenus d’appoint non négligeables et l’opportunité d’entretenir, en temps ordinaire, un lien social avec leur communauté.


Une bouffée d’oxygène

Le mercredi 1er avril, la secrétaire d’État au ministère de l’économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher, a autorisé « la vente de semences et de plants de légumes, considérés comme produits de première nécessité ». Toutefois, seuls les points de vente pourvus de rayons animalerie et alimentation générale, sont autorisés à vendre semences et plants. Désormais, les distributeurs s’adaptent pour accueillir leurs clients, revoient leur organisation pour respecter les gestes barrières, et favorisent les commandes et livraisons à distance.
Il est également remarquable de voir comment les pays voisins ont abordé de manières différentes les contraintes liées à la pandémie. En ce qui concerne les jardineries, nos voisins allemands, belges et néerlandais ont immédiatement considéré ce secteur comme essentiel.


Par Thierry Strickler, Altavia Watch, et Laure Barillon, Altavia nativ