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Comment (re)penser l’expérience magasin après la pandémie ?

Comment (re)penser l’expérience magasin après la pandémie ? 1024 598 Altavia

En France comme partout dans le monde, le commerce physique a été dévasté par la pandémie, du fait des différentes mesures de confinement et de fermeture prises par les gouvernements en réponse aux alertes sanitaires. Les commerces répondant aux “besoins essentiels “ (alimentaire, proximité..) sont pour la majorité restés ouverts, mais l’expérience y est radicalement différente, que l’on se place du point de vue des clients ou de celui des collaborateurs. De nombreuses initiatives ont vu le jour pour apporter un relais de survie, voire de croissance, à ces organisations abîmées, tout en gardant au premier plan les mesures de sécurité. Faisons un tour d’horizon de ce qui aura probablement changé demain.


Safety first

Hormis en Chine, où la majeure partie du pays semble avoir fait l’expérience de la sortie de crise à fin avril, l’ensemble des pays contaminés ayant pris des mesures de confinement de la population ont également mis en place des mesures de sécurité citoyenne, qui ont aussi cours dans les commerces autorisés.
Sur le site du gouvernement français, on peut même retrouver des “fiches pratiques” indiquant les mesures à mettre en place, métier par métier.
Parmi les dénominateurs communs, hormis les gestes barrières applicables à tous, on notera l’épineuse question du port du masque et de gants, l’établissement de distances de sécurité matérialisées par des marquages au sol, la réduction du nombre de personnes dans les magasins, la mise à disposition de gel hydroalcoolique, la désinfection du matériel (caddies, tapis de caisse..), la mise en place d’une vitrine en plexiglas et d’un hygiaphone au niveau des caisses, le réagencement de certains rayons “non covid-compatibles” – vrac, fruits et légumes, découpe.
Ce qui vaut pour les commerces ouverts est à envisager pour les commerces qui rouvriront, si leur trésorerie le leur permet. Comment imaginer, dans un monde où nous devons “apprendre à vivre avec le virus”, conserver un niveau de sécurité acceptable dans les magasins de vêtements (essayage..?), dans les instituts de beauté, dans les salons de coiffure, sans même parler des divers lieux de divertissement et de convivialité (cinémas, restaurants, théâtres..) ?
Une fois la vague de sidération passée, vient le temps de la préparation de l’après : les commerçants rivalisent d’inventivité pour aménager leurs espaces, voire leur modèle (un magasin de vêtement “condamne” une cabine d’essayage sur deux mais de ce fait opère une montée en gamme en se positionnant davantage comme un showroom..) et accueillir de nouvelles façons de fréquenter les magasins, ou même de consommer. On citera, par exemple, le milieu des compétitions sportives, où de nombreux acteurs du techno-gaming réfléchissent à des initiatives permettant à un “vrai public” de se connecter virtuellement à un stade où se déroule un match en temps réel.
Si tout reste à écrire en la matière, on ne peut que constater que la pandémie a conduit à l’accélération de la transformation des enseignes, dont le relais digital est souvent le premier vecteur de survie.


Digital or die

Les acteurs majeurs de la GSA ont déjà entamé depuis bien longtemps leur virage omnicanal : le COVID sonne “l’heure de vérité”. Il révèle que si certaines sont au point tout le long de la chaîne, d’autres ne le sont que sous certaines conditions.
Sans même parler de l’expérience offerte au consommateur via la digitalisation, parlons simplement d’une “autre façon de consommer le magasin” dont la pandémie a fait croître exponentiellement les volumes : le drive et le click & collect. Les entreprises ont dû s’adapter : meilleure gestion des stocks, logistique efficiente, fiches de postes optimisées… Dans les faits, de nombreux ex-vendeurs ont pu être mobilisés sur de la préparation de commandes, notamment.
Avec un peu de recul, nous sommes tentés de dire que ce mouvement a “précipité” l’urgence de penser un commerce unifié, quelle que soit, d’ailleurs, la taille de l’entreprise. Différentes applications sont nées pour permettre à de petits commerçants non digitaux de vendre également en ligne.
Les commerces “autorisés” ont aussi pu accueillir des prestataires qui opéraient uniquement sur les marchés, par exemple.
De cette “première vague”, nous retenons, notamment en France, un élan de solidarité : “prêt” d’employés, mutualisation des stratégies de livraison, détournement de services.. Reste à envisager quels changements survivront à la crise et quels enseignements en tirer.


Recréer du lien : pourquoi, comment ?

In fine, les stratégies de confinement ont obligé une grande majorité de la population à favoriser la proximité comme premier critère de choix d’une enseigne.
Les stratégies de fidélisation classiques ne fonctionnent plus en période de confinement.
La solution livraison est également souvent préférée. Une question se posera : comment créer la préférence qui permettra d’ouvrir, ou plutôt de réouvrir, sa zone de chalandise, afin que (re)viennent les clients les plus éloignés ?
Certaines entreprises, entre autres dans les domaines de la GSB ou de l’automobile, ont favorisé la mise en place de “services rapides” permettant aux clients d’obtenir très vite une réponse, une réparation. Ce service additionnel, plus fluide qu’en temps normal, peut faire la différence.
Les différentes mesures prises pour s’adapter au client sont elles aussi plébiscitées : sécurité, horaires réservés..
Les entreprises se servent en outre massivement de la production et de la diffusion de contenus pour garder le lien et rivalisent d’inventivité en termes de brand content, pour conserver leur top of mind.
Ces stratégies seront-elles payantes ? Ou l’ère sera-t-elle résolument à la “convenience” dans “le monde d’après” ?
Nous pouvons sans risque penser que, du moins en France, l’attrait des Français pour le magasin, le contact avec le vendeur, le goût de pouvoir discuter avec un “vrai humain” fait encore la valeur différenciante de l’expérience, versus le tout digital. Il conviendra pour ces enseignes d’imaginer comment concilier convivialité et sécurité dans le cadre d’une reprise progressive.


Par Laure Barillon, Altavia Nativ, et Thierry Strickler, Altavia Watch

https://fashionunited.fr/actualite/retail/commerces-non-essentiels-le-casse-tete-de-la-reouverture-le-11-mai/2020042123675
https://www.retail-insider.com/retail-insider/2020/4/what-can-we-learn-from-china-as-we-prepare-to-open-up-the-retail-sector-in-canada
https://www.businessinsider.fr/us/dark-stores-could-spread-as-nonessential-restrictions-ease-2020-4
https://www.businessinsider.fr/us/costco-walmart-target-save-lives-restricting-nonessential-items-expert-2020-4
https://www.pymnts.com/restaurant-innovation/2020/how-covid-19-is-accelerating-drive-thru-upgrades/

E-commerce au temps du COVID-19 : que constater aujourd’hui, qu’apprendre pour demain ?

E-commerce au temps du COVID-19 : que constater aujourd’hui, qu’apprendre pour demain ? 1024 683 Altavia

La crise sanitaire mondiale impacte les habitudes des consommateurs de tous les pays concernés. La fermeture des commerces dits “non essentiels” a créé différents effets de balancier sur les modes de commerce proposés. Le poids de maturité digitale des entreprises, mais également leur capacité à la flexibilité, se révèlent être des données clé pour leur survie à long terme.


Les mots derrière les chiffres

Selon la FEVAD, 76% des sites de commerce en ligne ont enregistré un recul des ventes depuis le 15 mars et, pour la moitié d’entre eux, ce recul s’élève à plus de 50%. Ce chiffre a priori alarmant est à relativiser très fortement selon les secteurs concernés.


Un boom de l’e-commerce omnicanal en entrée de jeu ?

D’après l’institut Nielsen, le e-commerce aurait connu une progression quatre fois plus rapide que celle des magasins physiques, à mi-mars 2020.
Le drive en est l’un des grands bénéficiaires (+30% vs année précédente), notamment chez les Franciliens (+45%) . Avec 164 millions d’euros réalisés, le drive dépasse même les 7 % de part de marché hebdomadaire pour la première fois, indique le rapport.
De façon générale, la livraison à domicile a progressé de plus de 70 % début mars (vs N-1), notamment sur les produits d’hygiène et l’alimentaire non périssable.


Quels ajustements pour les entreprises omnicanales ?

Un enjeu humain : les entreprises ont besoin de main d’œuvre dites à “faible valeur ajoutée” (préparateurs de commandes, livreurs..). Certains géants, à l’instar d’Amazon, proposent d’embaucher temporairement des salariés d’entreprises en difficulté.
Un enjeu technologique : la maturité digitale des entreprises est mise à rude épreuve. Il s’agit d’un test d’efficience pour les dispositifs omnicanaux. Ici encore, les entreprises omnicanales peuvent être soumises à des surcharges de trafic inédites sur leurs sites de vente en ligne, engendrant des “bugs” et générant donc frustration et insatisfaction.
Un enjeu logistique : Début avril, les études montrent des ralentissements de cette efficacité, dues notamment à :
des délais allongés pour la livraison (85% des sites), la fermeture des traditionnels “points relais”, nécessitant de mettre en place des services de livraison à domicile pour des entreprises qui n’y étaient pas familières.
Certaines innovent et repensent les lignes de leur modèle, comme Leroy Merlin qui mise sur la réouverture des drives : depuis le 24 mars, un service de retrait de marchandises permet aux consommateurs de retirer, sur les parkings de ses magasins, les produits de première nécessité et de dépannage, malgré le fait que les portes des magasins restent fermées. L’e-shop est ajusté au stock disponible à chaque point de vente, permettant ainsi au client de voir directement si son produit est disponible en retrait via le drive dudit magasin.


Focus sur l’alimentaire

Après la “ruée” de la première semaine de confinement, la hausse des e-ventes alimentaires ralentissent, mais le niveau reste nettement plus élevé qu’avant le démarrage de la crise à l’échelle nationale.
En Ile de France, où plus de commerces de proximité restent facilement ouverts, le chiffre de l’e-commerce alimentaire se normalise.
Là aussi, les délais de livraison s’allongent très fortement: d’abord sur le drive, pénalisant fortement Carrefour au profit de Leclerc, puis sur le marché de la livraison à domicile, où Carrefour cède la place au service de livraison Prime Now d’Amazon. Le marché de la livraison de repas, qui avait été fortement impacté en semaine (-50%) semble, lui, se stabiliser.


L’alliance des retailers avec les solutions de livraison agiles

De nombreux retailers, à l’échelle des pays urbanisés en crise, font alliance avec des sociétés dont le cœur de métier était initialement concentré sur la livraison de repas pour ouvrir leur distribution à l’épicerie au sens plus large. Ainsi, à Paris, Uber Eats prend le relais de certaines livraisons pour Carrefour.


Quels nouveaux Graals ?

Certains marchés se voient favorisés par le confinement : les jeux vidéo marquent une forte progression, surtout chez la génération X (40-60 ans). Quant aux abonnements Netflix, leur taux de pénétration déjà élevé grimpe encore de 76% par rapport à leur niveau pré-confinement. Sans parler des sites de médias dont le trafic explose, et dont les contenus freemium génèrent du chiffre.


Quels secteurs les plus en souffrance ?

La mode et l’équipement maison sont durement touchés, de même que le secteur du luxe et – bien entendu – celui du voyage. Des enseignes françaises “historiques” (chaussures, clubs de vacances familiaux..) ne cachent pas leurs inquiétudes. L’automobile n’est pas non plus épargnée.


L’e-commerce comme solution de secours “clé en main” ?

L’e-commerce connaît également une nouvelle vague de néo-activité avec la création de toutes pièces de sites correspondant à des enseignes brick and mortar, qu’il s’agisse de petits commerces de proximité ou de commerces historiques. La capacité à s’adapter rapidement à ces nouveaux canaux peut faire la différence, notamment sur le frais.


Quelques chiffres..

85% des sites connaissent des délais de livraison allongés
29% des annulations de commandes
40% ressentent des difficultés d’approvisionnement
40% des entreprises ne pensent pas pouvoir résister économiquement plus de trois mois à cette situation
(Source : Fevad, étude réalisée auprès de 136 sites de e-commerce entre le 23 et le 25 mars 2020)


Par Laure Barillon, Altavia Nativ, et Thierry Strickler, Altavia Watch

https://www.ecommercemag.fr/Thematique/retail-1220/Breves/Covid-delais-livraison-allongent-fortement-348517.htm?&utm_source=tags_169700&utm_medium=email&utm_campaign=newsletter#
https://www.ecommercemag.fr/Thematique/retail-1220/Breves/Leroy-Merlin-met-place-service-urgence-sans-contact-348243.htm
https://www.zdnet.fr/actualites/e-commerce-quand-les-entreprises-sont-encouragees-a-migrer-en-ligne-39901639.htm?utm_campaign=quotidienne_03/04/2020&utm_source=email&utm_medium=newsletter
https://www.cnetfrance.fr/news/covid-19-vs-e-commerce-les-ventes-s-effondrent-en-france-mais-certains-secteurs-sont-epargnes-39901673.htm

Covid-19 : quel impact sur le e-commerce français?

Covid-19 : Les magasins de proximité et le e-commerce privilégiés


https://www.lsa-conso.fr/coronavirus-l-impact-de-l-epidemie-sur-l-e-commerce-europeen,344990
https://www.pymnts.com/news/delivery/2020/food-delivery-companies-turn-to-grocery-delivery/
https://www.sitedesmarques.com/actualite-des-marques/confinement-covid-19-le-e-commerce-s-affole-132581.htm
http://www.leparisien.fr/economie/business/coronavirus-commerces-fermes-pensez-a-creer-votre-e-boutique-31-03-2020-8291133.php

​​La filière de la jardinerie sur des charbons ardents

​​La filière de la jardinerie sur des charbons ardents 1024 683 Altavia

Le “crush” des Français pour le jardinage n’est pas un secret et les chiffres le prouvent : neuf Français sur dix ont un petit coin à cultiver, dont 7 possèdent un jardin. Plus d’un million d’hectares de jardin sont plantés, alors que chaque jardinier amateur dépense en moyenne 290€ par an.

Cette passion est portée par un impressionnant écosystème de production et de distribution : 1 700 jardineries, 1 733 magasins agricoles en libre-service et 15 104 fleuristes. Sans oublier les 3 611 entreprises horticoles françaises, premiers fournisseurs des distributeurs de produits de jardin. (source : FNMJ).
En 2018, les distributeurs de la filière jardinerie et animalerie représentaient près de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Il faut cependant noter que le secteur a connu un exercice 2018 compliqué. La Fédération nationale de l’industrie du jardin (FNMJ) a fait état d’un bilan négatif pour le secteur cette même année : “les jardineries ont enregistré une baisse globale de 1,5% de leur chiffre d’affaires, annulant la hausse de 1,6% en 2017″. 


Covid-19 : Un coup d’arrêt au pire moment de la saison

Pour endiguer la pandémie, des mesures drastiques ont dû être mises en place et des sacrifices, de la part de tous, ont été nécessaires. Dans un premier temps, les pouvoirs publics (à partir du 14 mars 2020) ont ordonné la fermeture de la plupart des lieux publics, dont une grande partie des entreprises françaises. Les jardineries (hors animaleries) ont été contraintes de fermer leurs portes. Cette fermeture intervient au pire moment, le printemps représentant 80 % du chiffre d’affaires annuel du secteur du jardinage.


Les enjeux

Cette décision a suscité plusieurs inquiétudes et a ébranlé l’ensemble de la filière, ainsi que de nombreux passionnés de jardinage.
“Le bien manger », « la bio », « la traçabilité des produits », « la consommation responsable et durable » : chacun de ces termes a une résonance toute particulière pour les jardiniers amateurs qui cultivent leur potager. Cette dynamique est une tendance de fond sur laquelle s’appuient les stratégies des grandes enseignes de la distribution alimentaire. Planter, cultiver, récolter et surveiller sa propre production de fruits et légumes, c’est savoir exactement ce qui va se retrouver dans son assiette.
Ces nombreuses “petites mains” représentent aussi un véritable gisement de produits frais et sains. Le 4 avril 2020, face au Covid-19, l’OMC, l’OMS et la FAO ont mis en garde contre le risque d’une crise alimentaire mondiale causée par le manque de main d’œuvre agricole, les difficultés logistiques et le manque de protection des employés dans la chaîne alimentaire. Même si la France semble à l’abri d’une pénurie alimentaire, il n’est pas déraisonnable d’anticiper le pire en imaginant que nous allons nous retrouver sans ressources. Il est également dommage de se priver de cette manne que représentent les cultivateurs amateurs : les jardiniers contribuent, indéniablement, à la sécurité alimentaire.
Les mesures de confinement sont extrêmement contraignantes. Interdire de facto à la “tribu” des jardiniers de vivre leur passion est, sans nul doute, une source d’immense frustration en cette période cruciale pour les semences de toutes sortes et, par conséquent, les récoltes futures. Par ailleurs, le jardinage représente, pour certains d’entre eux, des revenus d’appoint non négligeables et l’opportunité d’entretenir, en temps ordinaire, un lien social avec leur communauté.


Une bouffée d’oxygène

Le mercredi 1er avril, la secrétaire d’État au ministère de l’économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher, a autorisé « la vente de semences et de plants de légumes, considérés comme produits de première nécessité ». Toutefois, seuls les points de vente pourvus de rayons animalerie et alimentation générale, sont autorisés à vendre semences et plants. Désormais, les distributeurs s’adaptent pour accueillir leurs clients, revoient leur organisation pour respecter les gestes barrières, et favorisent les commandes et livraisons à distance.
Il est également remarquable de voir comment les pays voisins ont abordé de manières différentes les contraintes liées à la pandémie. En ce qui concerne les jardineries, nos voisins allemands, belges et néerlandais ont immédiatement considéré ce secteur comme essentiel.


Par Thierry Strickler, Altavia Watch, et Laure Barillon, Altavia nativ

Des initiatives locales pour répondre aux tensions alimentaires

Des initiatives locales pour répondre aux tensions alimentaires 1024 683 Altavia

Le spectre d’une crise alimentaire gagne le monde. Les incertitudes liées à la disponibilité de nourriture peuvent déclencher une vague de restrictions à l’exportation, “susceptible d’entraîner une pénurie sur le marché mondial”, comme l’ont alerté mercredi 1er avril, dans un communiqué commun, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les organisations mondiales du commerce (OMC) et de la santé (OMS).

Le marché français semble pour l’instant à l’abri d’une telle catastrophe. La grande distribution est au rendez-vous et les magasins “food” sont approvisionnés. Cependant, la filière agroalimentaire est indéniablement sous tension. La pénurie de main-d’œuvre agricole et le risque de perdre les récoltes saisonnières sont avérés. La fermeture des restaurants, des cantines scolaires et des marchés ouverts ont déséquilibré de manière notable l’offre et la demande. Le Ministère français de l’agriculture et de l’alimentation souligne par ailleurs que «cette crise nous démontre la nécessité d’accélérer la transition écologique et de relocaliser les productions pour garantir la sécurité alimentaire européenne».
Un modèle exprime toute sa résilience, celui des circuits courts de distribution de produits alimentaires frais. La qualité du lien entre les clients engagés et leurs producteurs de fruits et légumes est robuste et résistante. Les acteurs historiques des circuits courts connaissent une activité en nette croissance. Nombre d’initiatives ont d’ailleurs vu le jour ces dernières semaines.


Quelques exemples pour illustrer cette nouvelle dynamique

Grégoire de Tilly, CEO de la Ruche qui dit Oui!, a déclaré au journal Libération : “Depuis un mois, nous avons enregistré une hausse de 70% de notre chiffre d’affaires, associée à une augmentation de taille de 30% du panier moyen». Acheter en circuit court des produits locaux et sains est une véritable réponse des clients en cette période de pandémie.
Dans le nord du Finistère (29), les Voisins Bio proposent chaque semaine des paniers de légumes bio de saison qui, après réservation, peuvent être retirés dans un point relais. L’équipe dirigeante des Voisins Bio est témoin d’une véritable explosion de la demande. “Beaucoup ont pris peur d’aller en grandes surfaces, et avec la fermeture de nombreux marchés, notre activité a encore décuplé !”
La semaine dernière, le célèbre marché de Rungis a lancé une plateforme numérique de livraison aux particuliers baptisée « Rungis livré chez vous », en partenariat avec la Région Île-de-France et la startup de livraison Epicery. Epicery regroupe des commerçants alimentaires ainsi que de nombreux primeurs franciliens.


Associer les acteurs de la Grande Distribution

En Centre-Val de Loire, les pouvoirs publics et la chambre régionale d’agriculture viennent de lancer l’initiative Produits frais locaux en Centre-Val de Loire. Il s’agit de mettre en lien des producteurs, des consommateurs et des distributeurs. Le préfet de région, Pierre Pouëssel, pose comme objectif de “manger frais et local”. Des ventes directes aux consommateurs s’organisent au sein de “Drive alimentaire” sur les parkings d’hypermarchés.
Dans une approche BtoB, Approlocal propose aux professionnels de rejoindre sa plateforme (soutien du conseil départemental du Loiret) pour “participer au bien manger et contribuer à l’économie locale”. Durant deux mois, les frais d’inscription sont gratuits pour la grande et moyenne distribution. Déjà, une quinzaine de magasins ont rejoint la boucle.
L’Intermarché de Cahors lance un appel aux producteurs locaux en proposant un partenariat “win-win” inédit. Un distributeur qui rencontre des problèmes d’approvisionnement de fruits et légumes et des producteurs qui peinent à écouler leur production ont noué un partenariat inédit. Créer et tisser des liens forts, c’est une véritable opportunité pour l’enseigne de s’implanter dans la vie locale. A n’en pas douter, cela répond aussi et avant tout à un besoin client clairement exprimé. Les Français ont envie de manger local. C’est la conclusion d’une étude du cabinet Natural Marketing Institute, selon laquelle 71% des consommateurs préfèrent acheter des produits locaux.
Des produits dont on connaît l’origine, dont on est capable de situer physiquement l’exploitation, l’envie de participer à la vie quotidienne et économique de sa communauté, contribuent à créer du lien entre les gens et sont les bénéfices d’une consommation locale.
La crise que nous traversons bouleverse nos habitudes de consommation alimentaire. Cette crise offre un miroir sans concession sur l’organisation de nos filières agro-alimentaires. L’appétence de certaines “tribus” de consommateur pour les circuits courts n’est pas nouvelle. Cependant, force est de constater que dans une logique de sécurité alimentaire, ils proposent une solution vers laquelle les Français se tournent en cette période de fortes tensions. Cette période nous démontre aussi la nécessité d’associer l’ensemble des parties prenantes (clients, producteurs, pouvoirs publics, distributeurs, acteurs de la logistique et du digital) pour valoriser cette filière de circuits courts. De nouvelles propositions de valeur ont émergé (Rungis par exemple) : il est fort probable qu’elles s’inscrivent demain et après-demain dans la continuité.


Par Thierry Strickler, Altavia Watch & Laure Barillon, Altavia Nativ

https://www.liberation.fr/terre/2020/04/02/alimentation-le-boom-des-reseaux-de-circuits-courts_1783577?xtor=EREC-25&actId=ebwp0YMB8s1_OGEGSsDRkNUcvuQDVN7a57ET3fWtrS9yGYo5Z3Mqekee5yRh2buo&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=501950
https://actu.fr/occitanie/cahors_46042/coronavirus-dans-lot-lintermarche-cahors-lance-appel-producteurs-locaux_32515612.html?utm_content=bufferc7cc7&utm_medium=social&utm_source=twitter.com&utm_campaign=buffer
https://paper.li/e-1484125222#/
https://www.lanouvellerepublique.fr/loiret/coronavirus-produits-locaux-circuits-courts-vers-un-cercle-plus-vertueux

Covid-19 : des collaborations inédites dans le secteur du retail

Covid-19 : des collaborations inédites dans le secteur du retail 1024 391 Altavia


UN CONTEXTE EN TENSION

Dans le contexte de la crise sanitaire, sociale, mondiale liée au COVID-19, le monde du retail alimentaire est soumis à une tension inédite : plus mobilisé que jamais, il est le principal vecteur du produits de première nécessité et le restera, mais par ailleurs, l’hétérogénéité des mesures de protection mises en oeuvre au profit des salariés exerce une tension sur le milieu (menace au droit de retrait, appel à l’embauche pour des actions à faible valeur ajoutée – préparation de commandes..). Aux USA, le personnel d’Amazon dans l’entrepôt de NY prévoit de se mettre en grève pour contraindre son employeur à mettre en œuvre des mesures de protection sanitaire idoines.


UN APPEL A LA SOLIDARITÉ

Dans ce contexte dont les différentes dimensions de l’issue sont pour le moment inconnues, que ce soit à l’échelle nationale ou locale, nous voyons émerger différentes initiatives de collaboration inédite entre enseignes parfois même concurrentes, que ce soit pour rendre service aux personnes les plus exposées, ou bien pour limiter les risques.
Les initiatives visant à aider la vie des soignants en leur facilitant l’accès aux courses font par ailleurs l’objet de plusieurs initiatives prioritaires – à l’image de Carrefour qui permet aux personnels hospitaliers de ne pas faire la queue en caisse sur présentation de leur badge professionnel.
Nous avons choisi plusieurs exemples probants :


Delhaize & Colruyt associés pour livrer les hôpitaux

Idée séduisante dans cette période troublée de conclure un partenariat inédit entre deux concurrents historiques de distribution belge. Delhaize et Colryut s’associent pour permettre aux personnels soignants des hôpitaux de se faire livrer leurs courses près de leur lieu de travail. Qui dit idée séduisante dit néanmoins mise en œuvre complexe : une organisation logistique robuste est nécessaire pour être au rendez-vous.
Un lancement a été effectué près de l’Hôpital Universitaire d’Anvers : il suffit aux soignants d’avoir précédemment réservé sur le site internet de delhaize. Leurs courses leur sont livrées gratuitement à proximité.
La prestation est réalisée grâce à la solution Solucious – spécialiste de foodservice du groupe, qui fournit des produits alimentaires aux clients professionnels- sur la base de l’assortiment proposé par le groupe Colruyt. Une centralisation est faite en lien avec les services logistiques des hôpitaux pour gagner en efficacité de temps de traitement et garantir les précautions nécessaires.


Mc Do & Aldi mutualisent leur personnel pour une durée limitée

Tandis que l’enseigne Aldi est particulièrement sollicitée, le personnel des magasins Mcdonald’s est réduit aux seuls responsables des commandes en ligne et en drive.
Un effort national a été mis en place via un “pacte de personnel” permettant aux salariés de Mc Do de prêter main forte aux équipes d’Aldi, en sous-effectifs.
Les contrats sont à durée temporaire et permettent un retour à l’enseigne initiale une fois la crise passée; l’enjeu étant de trouver des solutions rapides pour garantir un approvisionnement en nourriture de toutes les succursales Aldi, à l’échelle nationale.
Le salaire proposé par les discounters, ainsi que le travail du dimanche, pourraient rapporter de l’argent supplémentaire aux salariés. Le PDG de McDonald’s Allemagne défend donc l’idée d’une “solution win-win” face à la crise.


Amazon & Lyft : ensemble pour l’emploi

Les salariés de Lyft, entreprise de distribution spécialisée dans le non-alimentaire, en difficulté du fait des mesures de confinement, se sont vus ouvertes les portes d’Amazon pour se joindre aux différentes forces vives de l’enseigne, que ce soit en rejoignant les personnels de livraison, notamment sur l’alimentaire, mais également pour travailler dans les entrepôts et à la préparation des commandes.
Une manne humaine de surcroît importante à un moment où Amazon est accusé de ne pas garantir des conditions de protection idéales à ses salariés.
Les salariés de Lyft peuvent désormais postuler directement sur une rubrique du site Amazon qui leur est dédiée, et bénéficient de salaires avantageux.
L’enseigne précise qu’aucune expérience très spécifique ou CV n’est nécessaire pour pouvoir postuler : ouverture totale ou opportunité déplacée ?


Carrefour et Uber Eats s’associent pour livrer à domicile les consommateurs en période de confinement

Dès le 6 avril, les deux enseignes s’associent pour la livraison à grande échelle, d’abord à Paris et région parisienne, puis à l’échelle nationale.
Ce qui pourrait ressembler à un partenariat “classique” – prenons par exemple celui de Carrefour avec Gloco – pour une livraison facilitée, semble là être un changement d’échelle presque “obligatoire” du fait des mesures exceptionnelles auxquelles le pays est soumis.
Les commandes sortiront bien de Carrefour, mais les livraisons seront assurées par Uber Eats : l’objectif étant bien de “combiner la force des magasins préparateurs Carrefour et l’agilité de l’application Uber Eats”, déclare la directrice digitale et e-commerce de l’enseigne.
On peut imaginer un modèle économique partagé sous-jacent.


Avec le Covid-19, la Chine invente la “main-d’œuvre en libre-service”

Initiative similaire en Chine où les “géants” de la distribution invitent les salariés des commerces traditionnels (restaurateurs..) à rejoindre l’effort sur des métiers potentiellement à moindre valeur ajoutée, demandant un grand renfort de main d’oeuvre (préparation de commandes, livraison…).
Alibaba et JD.com, par exemple, empruntent des salarié·es à la restauration, ou à d’autres métiers qui risquent de se trouver en difficulté (commerces de proximité , karaokés..)
En Chine, le phénomène prend une ampleur massive : peut-on pour autant parler de “main d’œuvre de libre-service” comme on parlait de l’uberisation ? Réponse une fois le retour à la normale…. Ou au jour d’après.
D’un point de vue réglementaire, en Chine, ces initiatives se disent “encadrées” par des programmes visant à protéger les salaires et les prestations d’assurance sociale – de la part de l’employeur principal : c’est ce à quoi s’est engagé le ministère chinois des ressources humaines et de la sécurité sociale.
Exemple : l’entreprise Freshippo, propriété du géant Alibaba spécialisée dans l’alimentation, a employé des anciens employés de restaurants ou des bars karaoké à Shanghai, Pékin et dans d’autres villes – même chose du côté de 7Fresh, succursale du groupe JD.com.
Ces programmes de «partage» autorisent officiellement les employé·es à appartenir à deux entreprises à la fois. Freshippo paye ainsi les personnes prêtées, qui sont toujours sous contrat avec leur employeur initial.


En conclusion,

Manque de main-d’œuvre, bouleversement de la logistique et de la distribution, déficit d’importations… La crise du Covid-19 provoque des ruptures de produits frais, même si le spectre de la pénurie ne plane pas encore sur la France.
La seconde menace est celle du manque de personnel nécessaire à l’approvisionnement de produits frais. La transformation alimentaire (abattoirs, emballage, conservation…) est une industrie exigeant des effectifs nombreux; le risque de contamination entre employé·es est donc important. Il est primordial que tout soit mis en œuvre pour protéger les personnes travaillant dans ce secteur.
En période de récolte, les champs européens dépendent également d’une main-d’œuvre massive, mobile et bon marché. Ces saisonnier·es arrivent pour la plupart d’Europe de l’Est et d’Afrique du Nord. Mais avec la fermeture de ses frontières, l’Union européenne risque de devoir se passer de cette armée de l’ombre, pourtant indispensable à son agriculture.
La période voit naître des partenariats inédits, vertueux.. Mais reste à écrire dans quelles conditions ces changements contractuels risquent de bousculer les logiques de l’emploi en vigueur dans les pays.


Par Laure Barillon, Altavia Nativ & Thierry Strickler, Altavia Watch.d

https://www.chargedretail.co.uk/2020/03/30/amazon-staff-to-strike-until-the-building-gets-sanitized-after-another-employee-contracts-virus/
https://www.chip.de/news/McDonalds-und-Aldi-arbeiten-zusammen-Das-hat-sich-jetzt-in-den-Filialen-geaendert_182574920.html
https://www.chip.de/news/Damit-Supermaerkte-geoeffnet-bleiben-McDonalds-und-Aldi-machen-gemeinsame-Sache_182563577.html
https://www.theverge.com/2020/3/27/21197699/lyft-amazon-coronavirus-ridership-decline-job-referral-warehouse-grocery-delivery
https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-03-27/amazon-teams-up-with-lyft-to-recruit-drivers-for-deliveries
https://www.ecommercemag.fr/Thematique/retail-1220/Breves/Covid-Carrefour-associe-Uber-Eats-livrer-consommateurs-348428.htm?&utm_source=ecv_01_04_2020&utm_medium=email&utm_campaign=newsletter
https://korii.slate.fr/biz/chine-entreprises-covid-19-partage-main-oeuvre-flottes-travailleurs-location-libre-service?utm_source=La+kotiidienne&utm_campaign=848f55fc77-EMAIL_CAMPAIGN_2020_03_30_09_16&utm_medium=email&utm_term=0_bcc0e283b6-848f55fc77-131863525

L’OCNI de la semaine : Greyston Bakery

L’OCNI de la semaine : Greyston Bakery 1024 683 Altavia

Fondée en 1982 par Bernie Glassman, ingénieur aéronautique devenu moine bouddhiste, l’entreprise sociale Greyston Bakery, spécialisée dans la préparation de produits de boulangerie, s’engage à fournir des emplois et à former professionnellement les personnes qui rencontrent des difficultés à trouver du travail.


Une politique de recrutement révolutionnaire

Les premiers candidats à postuler sont les premiers à être engagés. C’est le principe du programme nommé Open Hiring® (« recrutement ouvert ») lancé par Greyston Bakery, investissant ainsi le potentiel humain. Aucun CV à présenter, nul extrait de casier judiciaire à dévoiler. Seule la réactivité est récompensée.
Une politique de recrutement révolutionnaire et innovante, qui fait partie intégrante de l’ADN de l’enseigne, qui la considère comme un élément fondamental de sa stratégie. « Nous ne recrutons pas des gens pour faire des brownies, nous préparons des brownies pour recruter des gens » est l’une des devises du fabricant américain de brownies, qui fournit notamment Whole Food et le glacier Ben Jerry’s.
Aux USA plus de 6 millions de personnes sont au chômage et un processus de recrutement classique est évalué à plus de 4000$.


Une dynamique d’inclusion payante

« En renonçant aux vérifications des antécédents, nous menons la bataille en montrant aux entreprises que passer à un modèle d’inclusion plus progressif est payant » a déclaré Mike Brady, PDG de la marque, par l’intermédiaire d’un porte-parole. En 2019, Greyston Bakery enregistrait un chiffre d’affaires de 22 millions de dollars.


Une réinterprétation du rêve américain

La stratégie de recrutement de Greyston Bakery permet aussi, très certainement, d’identifier des profils « Haut potentiel » qui seront, demain, de futurs cadres supérieurs. Une manière de réinterpréter le fameux rêve américain : une vie meilleure pour tous, et des opportunités pour chacun. Un simple citoyen, partant de rien, peut faire fortune aux États-Unis, le pays de tous les possibles.


Une réponse au prochain bouleversement du marché du travail ?

La politique Open Hiring® peut être appréhendée comme un début de réponse au bouleversement que le marché du travail va connaître, dans les sociétés occidentales.
Comment, demain, les entreprises pourront-elles identifier et attirer les talents si le niveau de chômage baisse de manière drastique ? Olivier Passet, directeur des synthèses chez Xerfi explique que « le premier élément de rupture, est l’accroissement de la population en âge de travailler. En régime de croisière, il est clair que la hausse de la population active est bien moindre aujourd’hui qu’hier. Et cela pour longtemps compte tenu de l’arrière-plan démographique. In fine, en période de croissance, il faut aujourd’hui moins de 100 000 créations d’emplois pour diminuer le nombre de chômeurs, quand il en fallait 200 à 300 000 dans les années 2000 ». Avec le numérique, le vieillissement de la population et la problématique de la dépendance, nous assistons à une explosion des petits emplois de service et de logistique, à faible productivité.
Le fait est que la politique de recrutement adoptée par Greyston Bakery inspire d’autres marques. L’enseigne de cosmétiques anglaise The Body Shop a déclaré pratiquer, à son tour, le « recrutement ouvert ». Un modèle également pour toutes les entreprises à mission*, qui naissent actuellement.
Cependant, une politique d’Open Hiring® nécessite un management sans faille, capable de former, et d’accompagner les nouveaux collaborateurs. Est-il vraiment possible d’appliquer une telle politique de capital humain pour des postes à haute valeur ajoutée, faisant appel à des compétences et des expertises exigeantes ?
*Nouvelles formes de sociétés commerciales qui se fixent statutairement, en plus du but lucratif, une finalité d’ordre social ou environnemental.


Thierry Strickler, Retail Market Intelligence Lead chez Altavia

L’OCNI de la semaine : Lidl Micromarket

L’OCNI de la semaine : Lidl Micromarket 2560 1593 Altavia

En Suède, une nouvelle campagne de communication baptisée « Lidl Micromarket » vient d’être lancée par Lidl. L’idée ? Solliciter ses clients les plus fidèles pour qu’ils organisent, chez eux, un repas 100% Lidl avec leurs amis.

 

Ouvrez un petit magasin Lidl chez vous et devenez des « Lidlers » ! C’est la proposition singulière que l’enseigne allemande a décidé de faire à ses clients les plus fidèles en Suède. Le concept de Lidl Micromarket ? Proposer aux habitués de devenir des ambassadeurs, en organisant chez eux un repas 100% Lidl avec des amis peu convaincus par la promesse « high on quality, low on price » vantée par la marque. Pour cette soirée conviviale, l’enseigne a tout prévu : des aliments frais pour un dîner de trois plats pouvant accueillir jusqu’à six personnes, des vêtements de marque Lidl, des casquettes de baseball, des pancartes de magasins et même une playlist sur Spotify !

 

Un bel exemple de la stratégie de Lidl pour se distinguer dans un pays où la marque occupe une place de challenger, derrière les acteurs historiques ICA AB et Co-op Food : parier sur la créativité plutôt que de céder aux dépenses marketing massives.

 

Avec Lidl Micromarket, l’image de Lidl Suède est associée à celle d’un prestataire utile, offrant des aliments frais, pour un budget modeste, mais aussi à celle d’un magasin de l’agréable, à l’origine de moments conviviaux.

 

 

Découvrir la qualité et les petits prix Lidl

La campagne drive to store « Lidl Micromarket » a pour objectif de permettre à un plus grand nombre de Suédois de découvrir la qualité et les petits prix Lidl. Toutes les composantes d’une campagne de marketing d’influence sont au rendez-vous : une communauté d’ambassadeurs sollicitée qui évangélise ses amis ; des mini spots au ton décalé et fun sur YouTube ; la création par ces mêmes ambassadeurs de vidéos qui seront intégrés ensuite dans la campagne de publicité… Autant d’outils à l’efficacité prouvée, mis en œuvre pour grossir les rangs des fidèles convaincus.

 

 

Miser sur la valeur relationnelle pour mieux booster la valeur transactionnelle

Dispositif complet et créatif, Lidl Micromarket offre aux Lidlers et leurs amis l’opportunité de passer un moment agréable ensemble, en dégustant de bons produits frais. Une soirée chaleureuse et gourmande, dont ils se souviendront. Une expérience forte, qui nourrira chez les uns, et suscitera chez les autres, l’attachement à la marque. Le Retail physique – ici recréé chez un particulier – est, par excellence, l’endroit qui peut permettre la création de ces liens.

 

Lidl Suède mise ainsi sur la valeur relationnelle, pour mieux booster ensuite la valeur transactionnelle. Si le pari est réussi, les amis anciennement sceptiques iront en magasin demain, pour y faire leurs courses.

 

 

 

Thierry Strickler, Retail Market Intelligence Lead chez Altavia.

Intermarché modifie la recette de 900 produits pour Yuka

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Pour répondre au profond besoin de transparence des clients et à leur volonté de mieux manger, Intermarché a décidé de modifier la recette de 900 produits. Objectif : obtenir de meilleures notes sur Yuka. Une annonce importante dans le monde du retail alimentaire.

 

Créée en janvier 2017, Yuka compte déjà 11 millions d’utilisateurs, scannant chaque jour les codes-barres de 3 millions de produits alimentaires. Une application phénomène, devenue incontournable. D’après une étude OpinionWay pour Alkemics, un Français sur six a déjà téléchargé l’application Yuka sur son smartphone. Et d’autres applications basées sur le même principe existent (Système U, C’est Qui le Patron, UFC Que choisir, ont eux aussi lancé un « mee too » de Yuka !). Pas moins de 20 % des clients utilisent aujourd’hui une application conçue pour les consommateurs, au moment de faire leurs courses.

 

L’impact sur les achats ? Enorme. Thierry Cotillard, président d’Intermarché déclarait récemment sur France Inter « Deux tiers des Français qui utilisent Yuka ont, depuis douze mois, décidé d’abandonner une marque ou un produit (…) En tant que distributeur, il est essentiel d’être pro-actif pour avoir les produits les mieux notés possibles ».

 

Car la crainte pour les retailers est bien de voir les clients bannir les produits de leurs marque propre, au profit de ceux recommandés par l’application. Sous la note de 50 sur 100, l’application propose en effet automatiquement une alternative mieux notée.

 

 

Participer à la « food revolution »

Bousculés par les clients mais aussi par les offres alimentaires du e-commerce, des circuits courts ou encore des réseaux spécialisés, les acteurs du retail alimentaire se devaient de se repositionner. La « food revolution » se fera avec eux. Et en partie grâce à eux ! Pour accompagner ce mouvement sociétal, leurs stratégies sont multiples : certains font l’acquisition de réseaux spécialisés, d’autres mettent au point des campagnes de communication et des signalétiques dédiées en magasin, d’autres encore lancent des applications mobiles inspirées de Yuka.

 

 

Intermarché adopte une stratégie unique

Seul retailer à disposer d’une capacité industrielle alimentaire sur le marché français, Intermarché a les moyens de changer son offre alimentaire. Et c’est ce qu’il compte bien faire. Pour obtenir de meilleures notes sur l’appli Yuka, 900 recettes de ses produits de marque distributeur seront changées ; 142 additifs potentiellement nocifs seront retirés. Adieu glutamate, dioxyde de titane ou encore carbonates de magnésium ! Un signal fort envoyé à tous les clients soucieux d’accéder à une alimentation plus saine et un excellent levier pour retisser avec eux un véritable lien de confiance.

 

 

Thierry Strickler, Retail Market Intelligence Lead chez Altavia.

L’OCNI de la semaine : Picture Organic Clothing « Rider, protéger et partager »

L’OCNI de la semaine : Picture Organic Clothing « Rider, protéger et partager » 2560 1456 Altavia

Picture, c’est la marque auvergnate de vêtements outdoor écoresponsables, au succès bien mérité. 100 % des produits sont composés de matières recyclées, biologiques ou bio-sourcées.

En 2008, Julien, Jérémy et Vincent, trois amis originaires de Clermont-Ferrand, décident de créer une marque de vêtements outdoor, 100% engagée, éco-conçue et inscrite dans une démarche de développement durable. « L’industrie du textile est responsable d’environ 8% des émissions mondiales de CO2 » constatent-ils. Le défi est donc de taille.

 

Il s’agit pour les trois entrepreneurs de sortir des sentiers battus en utilisant des matières et des procédés moins impactants et innovants : coton biologique, polyester recyclé issu de bouteilles plastiques, chutes de tissus techniques reconditionnées et ré-intégrées dans les doublures de certains produits, nouvelles matières techniques créées à partir de plantes (matières bio-sourcées)…

 

Picture, c’est aussi une production éthique et équitable. Le respect des travailleurs, la connaissance des filières d’approvisionnement et l’origine de l’énergie électrique sont des aspects déterminants de la démarche de l’entreprise.

 

 

Des précurseurs audacieux, ayant fédéré toute une communauté

Julien, Jérémy et Vincent ? Trois entrepreneurs quelque peu activistes, relativement visionnaires mais surtout très audacieux, qui ont imaginé une nouvelle voie de navigation sur le marché de l’outdoor. Des précurseurs qui, dès 2008, se sont positionnés sur un marché hyper concurrentiel, via une démarche environnementale revendiquée, affirmée et déclinée sur l’ensemble de leur gamme produit.

 

Picture a été une sorte de DNVB (Digital Native Vertical Brand) avant l’heure. Née en ligne, la marque a immédiatement tissé, via le web, un lien étroit avec une communauté de clients adhérant à ses valeurs « Rider, Protéger et Partager. Tout est connecté. Nous ridons les spots que la planète nous offre, nous partageons ces moments avec nos amis, mais nous voulons aussi que les générations futures puissent en profiter autant que nous » raconte la marque.

 

Mais si la marque est née en ligne, elle s’est ensuite développée à travers des points de vente physiques, multipliant les boutiques à son nom (à Annecy, Lyon, Toulouse, Bordeaux, les 2 Alpes, Hossegor et Biarritz), les shops in shops et les corners. Picture a désormais un rayonnement international, dans 30 pays – 700 points de vente, lui permettant d’aller à la rencontre de ses clients, heureux de pouvoir toucher et essayer les différentes gammes de produits. La clé du succès.

 

 

Thierry Strickler, Retail Market Intelligence Lead chez Altavia.

L’OCNI de la semaine DIZY « Chez nous, le designer c’est vous »

L’OCNI de la semaine DIZY « Chez nous, le designer c’est vous » 1774 693 Altavia

Roubaix. Janvier 2019. La start-up Dizy – contraction des mots « design » et « DIY » – est créée. Son ambition : proposer un mobilier modulable et durable, et mettre la créativité du client au cœur de l’achat.

« Devenez dizyner »

Lampes, tables basses, étagères, bancs, bureaux… A vous d’inventer le meuble qui vous ressemble ! C’est la proposition séduisante de Dizy, récemment créée par deux amis, Vianney Sauvage et Augustin Poncelet.

 

La marque s’envisage en effet comme un fournisseur de pièces détachées à assembler, tandis que le client est invité à imaginer le design de son meuble, selon ses envies et ses besoins. « Créer une lampe ou un vide-poche qui ne ressemble à aucun autre… C’est izy ! » annonce la marque. Un nouveau concept, qui traduit la confiance redonnée à chacun dans sa capacité à créer et qui permet de tisser un lien de qualité avec des clients, moins passifs et par conséquent plus épanouis. Car Dizy met la créativité de chacun en ébullition : l’idée est de choisir parmi 36 pièces modulables (abat-jours, pieds, traverses, plateaux…), pour donner vie à son meuble. Une lampe-bol, un bureau-lampe, un portant-banc… Les ODNI (objets design non identifiés) se suivent et ne se ressemblent pas ; chacun devient le maître de sa propre déco. « Le mobilier se monte et se démonte sans outils, à la manière d’un jeu de construction, raconte Thierry Strickler, Retail Market Intelligence Lead chez Altavia. Outre le côté très ludique du configurateur en ligne, cette expérience peut faire resurgir chez certains des souvenirs d’enfance, ô combien précieux. »

 

 

 

Rien ne se jette, tout se transforme

En proposant à chacun de créer ses propres meubles, Dizy mise également sur la durabilité des objets. « On s’attachera beaucoup plus facilement à un objet que l’on aura pris le temps d’imaginer et de concevoir, puis de construire avec ses propres mains, commente Thierry Strickler. C’est une manière efficace d’assurer à ce mobilier une place durable dans son intérieur, et de lutter ainsi contre l’obsolescence programmée ». La modularité des pièces, qu’il est possible d’assembler différemment pour changer la fonction de l’objet, permet également de lui garantir un avenir plus pérenne. Chez Dizy, 95 % des pièces peuvent être réutilisables d’un meuble à l’autre (une table basse peut se transformer en bibliothèque par exemple).

 

 

 

Recyclable et « made in local »

Dizy, c’est aussi une entreprise engagée, en phase avec la montée en puissance de la conscience écologique des citoyens clients. La start-up conçoit ses produits dans une optique de respect de l’environnement, faisant le choix de matières durables et recyclables pour ses produits et ses emballages. La fabrication des pièces est, de plus, d’origine 100% européenne : les éléments en bois (issus de forêts gérées durablement et de sources contrôlées) sont produits au Portugal et les pièces en métal (matière résistante et recyclable à l’infini) sont conçues en France. « Dizy propose une alternative sur un marché de l’ameublement très standardisé et dont l’engagement environnemental reste encore trop discret, analyse Thierry. L’un des seuls acteurs qui se soient déjà impliqués sur ce terrain est la Camif. »

 

Dizy ? Des pièces à assembler, des meubles à inventer. Une autre manière d’acheter. Et de s’attacher.