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Le boom de la livraison de proximité en Chine

Le boom de la livraison de proximité en Chine 1678 1119 Altavia

Directement issu du e-commerce, le marché de la livraison du dernier kilomètre s’est considérablement développé en Chine. Estimé à plus de 250 milliards de dollars en 2018, il traduit un véritable changement comportemental des consommateurs, désormais habitués à se faire livrer tout type de produits, à tout moment. Décryptage avec Stéphane Joly, directeur grands comptes chez Altavia.

Tout se faire livrer, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. C’est désormais la norme en Chine, où des millions de clients ont vu leur rapport à la livraison changer avec la digitalisation de l’offre. Le marché de la livraison de proximité a explosé : sa croissance (56% de 2017 à 2018) est plus de deux fois supérieure à celle du e-commerce lui-même (+24%).

 

« Les points de vente se doivent d’être ouverts quasiment 24H/24, pour servir un client, insaisissable, qui peut commander un repas à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, commente Stéphane Joly. Désormais, dans les restaurants, un chef est présent, du matin au soir, prêt à s’activer en cuisine pour chaque commande reçue. »

 

3 grandes sociétés de livraison à domicile

3 géants se partagent le monopole de la livraison du dernier kilomètre en Chine, incarnant la guerre féroce que se livrent Alibaba et Tencent.

 

Ele.me (Alibaba) : la plateforme, dont le nom signifie « T’as faim ? » en mandarin, est utilisée par 170 millions d’internautes et effectue des livraisons pour Starbucks, Watsons (parapharmacie), des cinémas, des restaurants…

 

Koubei (Alibaba) : le site compte 160 millions d’utilisateurs. On peut y réserver des places de cinémas, des soins en SPA, y commander des repas…

 

Meituan (Tencent) : cette entreprise, à l’origine spécialisée dans la vente en ligne groupée, s’est considérablement développée et propose également toute sorte de livraisons.

 

« Tous les points de vente, restaurants, cinémas etc, peuvent s’inscrire sur ces plateformes, quelle que soit leur taille, indique Stéphane Joly. Ils paient, en contrepartie des millions de clients potentiels auxquels ils accèdent, une petite redevance pour chaque transaction effectuée. Pour le client final, la livraison est gratuite. »

 

 

Un repas livré en moins de 30 minutes

La livraison de repas est totalement rentrée dans les mœurs et les consommateurs chinois peuvent y avoir recours plusieurs fois par jour. Une fois la commande passée sur l’une des plateformes, il faut compter 30 minutes maximum pour recevoir son repas, prêt à être dégusté. « Ce qui est étonnant en Chine, c’est qu’il n’est pas rare de voir des chiffres d’affaires quasiment à l’équilibre entre la restauration physique et les livraisons ! »

 

 

Se plier au nouveau diktat

Tous les retailers physiques sont désormais contraints de proposer, eux-aussi, un service de livraison efficace et réactif. Auchan-RT-Mart, Carrefour-Suning, Hema (Alibaba) se plient à ce nouveau diktat de la consommation. « S’ils veulent survivre, les retailers n’ont d’autres choix que de s’inscrire sur Ele.me, Koubei ou Meituan, pour bénéficier d’un trafic de plus de 150 millions d’utilisateurs. Il s’agit ensuite d’être irréprochable : les avis et les commentaires des consommateurs postés sur les plateformes peuvent en effet être dévastateurs s’ils sont négatifs. »

 

 

Un marché plein d’avenir

Si cette nouvelle manière de consommer représente un coût pour chaque plateforme (personnel, packaging, transport…) et que les « super apps » comme Ele.me, Koubei et Meituan sont loin d’être rentables (mais pour autant valorisées à plusieurs dizaines de milliards de US$), les volumes de livraison de proximité sont tels que le marché n’est pas prêt de s’essouffler. Les milliers de livreurs (sans statut social !) continueront encore longtemps à prendre des risques au volant de leur mobylette pour livrer chaque repas en moins de 30 minutes. Et que dire des tonnes d’emballages plastiques, transformés en seulement quelques minutes en déchets que l’on ne peut pas recycler ? Espérons que cet enjeu environnemental fera bientôt l’objet d’une réflexion plus poussée, à la recherche d’alternatives viables.

Le rôle des plateformes d’e-commerce dans la vente d’articles de luxe en Chine : le cas de JD.com

Le rôle des plateformes d’e-commerce dans la vente d’articles de luxe en Chine : le cas de JD.com 1562 1202 Altavia

 

 

En Chine, les produits de luxe ne s’achètent bien souvent pas en boutique ou sur le site propre de la marque mais sur des plateformes comme Alibaba et JD.com. Cette dernière, originaire de Pékin, a plus d’un atout. Décryptage d’un phénomène parfaitement géré avec Stéphane Joly, Global Key Account Director chez Altavia.

« JD.com, le plus grand commerçant de Chine »

C’est la 2e plus grosse plateforme de e-commerce derrière Alibaba. Les chiffres communiqués lors de la conférence animée par Kevin Jiang, vice-président en charge du business international de JD.com, confirment que la plateforme est désormais incontournable.

 

Quelques chiffres :

 

  • Plus de 300 millions d’utilisateurs actifs, soit une augmentation de 30% par rapport à 2017.
  • Un chiffre d’affaires supérieur à 200 milliards de dollars (valeur des produits qui transitent sur la plateforme) à la fin 2018, soit une augmentation de 150% par rapport à l’année précédente.
  • Un résultat de 67 milliards de dollars, soit + 200% en un an pour une valorisation boursière de 46 milliards de dollars.
  • « JD.com se considère comme étant le plus grand commerçant de Chine et la 3e société Internet au monde, derrière Google et Amazon », relate Stéphane Joly.

 

 

Une plateforme incontournable

JD.com réunit à elle seule 160 000 marchands. On y trouve aussi bien de l’électronique, des produits frais, des biens de consommation, du textile, du matériel Hi-fi, du mobilier et de la décoration … Et des produits de luxe.

 

« D’après Kevin Jiang, les plateformes sont devenues des moteurs de recherche : 37% des utilisateurs viennent y chercher des produits et 42% de l’inspiration », précise Stéphane Joly.

 

 

Les atouts de JD.com

Si la plateforme originaire de Pékin n’est que seconde derrière Alibaba avec ses deux plateformes d’Alibaba, Taobao et Tmall qui réunissent 600 millions d’utilisateurs actifs, elle a néanmoins su se démarquer sur plus d’un point. « JD.com a décidé de s’allier à Tencent, dont la messagerie WeChat est le plus gros réseau social en Chine, avec 1 milliard d’utilisateurs actifs. Ce partenariat est très stratégique car il permet à la plateforme de collecter un grand nombre de données et ainsi de parfaitement cibler leur communication auprès des utilisateurs. Alibaba de son côté, ne repose sur aucun réseau social ». JD.com s’est également associé au moteur de recherche Baidu ainsi qu’à Toutiao, plateforme de news et de contenus vidéo. « Un positionnement très intelligent, qui permet à JD.com de capter de l’information sur les produits susceptibles de plaire à ses clients », ajoute Stéphane Joly.

 

Autre atout : le contrôle des contrefaçons. JD.com exerce une politique stricte, qui porte ses fruits – à la différence d’Alibaba, qui souffre de son manque de fiabilité dans ce domaine –.

 

JD.com s’appuie également sur une excellente logistique. 90% des articles proposés peuvent être livrés en 24H en Chine. Un système de livraison VIP est proposé et les jeunes femmes se voient par exemple livrer leur commande, par de beaux jeunes hommes en gants blancs…

 

 

JD Luxury

En Chine, les produits de luxe ne s’achètent bien souvent pas en boutique ou sur le site propre de la marque mais sur des plateformes comme JD.com, qui a lancé JD Luxury.

 

Qui sont les acheteurs du site ? D’après Kevin Jiang, 74% ont entre 26 et 45 ans et 60% viennent des grosses villes.

 

« Le site a une très belle ergonomie et tous les codes associés aux marques sont respectés, décrit Stéphane Joly. Beaucoup de marques prestigieuses, comme Paul Smith, Prada, Tod’s, Escada, Fred, Versace…  y ont ouvert une boutique à leur nom. La livraison est assurée par la plateforme ». Le taux de retour, situé entre 15 et 20%, est bien inférieur à celui d’autres sites chinois ; une preuve de l’efficacité de la collecte de données, rendue possible grâce, notamment, au partenariat avec Tencent.

 

« Il se trouve que les consommateurs chinois de produits de luxe perdent de plus en plus l’habitude de se faire livrer de l’étranger, révèle Stéphane Joly. L’écart des prix de vente entre ceux pratiqués en Chine et ceux dans le pays d’origine, a tendance à se réduire. Les nouvelles lois anti # (Daigou) – ces fameux intermédiaires qui achètent des articles de luxe à l’étranger pour le compte d’autrui et les passent en douane en revenant en Chine sans s’acquitter des taxes d’importation- font que désormais, 22% des achats d’articles de luxe se font en Chine, contre 8% auparavant. »

 

 

JD est capable de bien cibler la « génération Self » qui désormais crée sa propre mode

Il y a encore quelques années, les Chinois n’étaient attirés que par les marques (et souvent les mêmes). Ils sont désormais moins suiveurs et beaucoup plus intéressés par le design.

 

« Le consommateur chinois de la « génération self », fait partie de la 2e génération de l’enfant unique, – la première sans cousins -, raconte Stéphane Joly. Il est très égocentrique, curieux, et a confiance dans sa capacité à créer sa propre mode, à la recherche du produit design de niche ». Un véritable défi pour les marques de luxe, qui ne peuvent plus prévoir comme auparavant ce qu’achèteront ces consommateurs. « On parle d’Audience X, pour faire référence au fait qu’avec l’ultra personnalisation, il est difficile de savoir ce qui aura du succès ». Mais bonne nouvelle, avec l’accès au luxe des villes moyennes et secondaires chinoises, le potentiel de croissance pour ces marques est phénoménal.

 

 

L’influence des Key opinion leaders

Si les Chinois font confiance dans leur capacité à créer leur propre mode, ils suivent également beaucoup les avis des influenceurs sur les réseaux sociaux. « Le social commerce, lié à l’interaction entre les médias sociaux et la puissance des influenceurs est très développé en Chine, indique Stéphane Joly. En peu de temps, une marque peut ainsi grimper… ou chuter ! Ce fut le cas de Dolce&Gabbana fin 2018, qui ne s’en est toujours pas remise.»

 

Un phénomène incontournable, que les marques de luxe doivent également intégrer dans leur stratégie. A ce titre, JD.com a su devenir, en moins de 5 ans, un intermédiaire incontournable dans la conquête de ce marché florissant.

 

 

Luckin Coffee : la folie des grandeurs en Chine

Luckin Coffee : la folie des grandeurs en Chine 1677 1119 Altavia

 

 

Luckin Coffee est en passe de réussir son introduction à la bourse de New York et de doubler Starbucks en Chine. Présentation de la nouvelle licorne chinoise par Stéphane Joly, directeur grands comptes chez Altavia.

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Le marché US des capitaux ne suffit plus, Shanghai lance son Nasdaq

La Chine, en sa qualité d’usine à licornes, vient de faire découvrir au monde occidental l’une de ses dernières créations : Luckin Coffee, #瑞幸咖啡, concurrent chinois de Starbucks. La chaîne de cafés vise une introduction à la bourse de New-York au mois de mai 2019, espérant lever 1 milliard de dollars et ainsi, voir sa valorisation atteindre près de 5 milliards de dollars. Pour réaliser cet objectif et battre Starbucks en Chine, la société doit ouvrir un nouveau point de vente toutes les 210 minutes !

 

Les licornes ? Des animaux mythiques, dont il est si compliqué de prédire l’avenir et la durée de vie. Mais une chose est sûre : durant leur existence plus ou moins courtes, les licornes ont une fâcheuse tendance à attirer l’argent et à voir leurs valorisations atteindre des montants exorbitants.

 

 

Après le PER (Price Earning Ratio), les investisseurs chinois ont inventé le PDR (Price Deficit Ratio).

Luckin Coffee brûle une quantité considérable d’argent, pour le plus grand bonheur de ses clients. C’est le monde à l’envers ! Alors qu’auparavant, les signaux d’alarme se déclenchaient lorsque les PER étaient trop hauts, désormais, plus le PDR est élevé et plus l’argent coule à flots.

 

Il faut dire que les investisseurs du monde entier ont cru en l’avenir de sociétés comme Amazon, qui, rappelons-le, vient de sortir piteusement du marché chinois ; la société était encore en 2015 dans le rouge malgré un chiffre d’affaires de près de 90 milliards de US $.

 

Les chinois vont donc lancer leur propre Nasdaq : le « Science and Technology Innovation Board », comme si New-York, la Bourse de Hong-Kong ou encore le Nasdaq ne suffisaient plus à lever du capital. Résultat : au sein de la bourse de Shanghai, les sociétés de technologie vont pouvoir se faire lister et lever des fonds plus vite – comme le voulait Pékin et comme l’avait annoncé le Président Xi Jinping en novembre 2018 -, en accélérant les IPO et ainsi supporter le développement des futurs champions nationaux. Une manière évidente de se défaire de la mainmise des Etats-Unis sur le financement international des sociétés chinoises.

 

Pékin veut tirer profit des petits porteurs chinois frustrés de ne pouvoir investir à leur guise sur les places étrangères. Avec ce nouveau Nasdaq à Shanghai, les investisseurs chinois, qui sont aussi particulièrement joueurs, vont pouvoir supporter les demandes de cash des licornes, qu’ils voient et utilisent au quotidien.

 

 

Luckin Coffee : le parfait exemple de la capacité d’une start-up à comprendre son marché

Alors qu’en 2000, la consommation de café était quasiment nulle en Chine, elle représente 2,4% de la consommation mondiale en 2018.

 

Il y a encore 2 ans, Starbucks possédait près de 80 % du marché. Mais voilà que le caribou Luckin Coffee est venu de Pékin pour détrôner la petite sirène de Seattle !

 

En réalité les modèles et les USP des deux compagnies sont bien différents :

 

  • Starbucks se concentre sur le bien-être dans le lieu de vente, le wifi offert, les baristas…, avec un positionnement de prix élevé – insolent quand on connait les marges sur le café !-. L’idée de départ ? Permettre aux clients de passer des moments agréables entre amis, installés sur de confortables sofas, pendant 3 heures. Mais 30 places assises, occupées pendant plusieurs heures, ne génèrent pas un chiffre d’affaires suffisant – et Luckin Coffee l’a bien compris !-. Starbucks s’est positionné comme le « troisième lieu », qui n’est ni le travail, ni la maison, jouissant d’une image étrangère, porteuse d’un certain statut social.
  • Dans un pays très individualiste comme la Chine, où la livraison génère désormais plus de la moitié du flux des restaurants, Luckin Coffee a fait un autre choix. La société a très bien compris son marché et touche une population beaucoup plus jeune – 80 % des clients ont moins de 30 ans -, avec un positionnement prix 20 % inférieur à Starbucks. Les cafés poussent comme des champignons – en 2017, Luckin Coffee ne possédait que 9 points de vente ; plus de 2 000 ont été ouverts en une année -, au pied d’immeubles de bureaux et de galeries marchandes, dans des lieux où l’on ne peut pas s’assoir. La société mise sur la consommation de masse, l’instant, la facilité de commande et de livraison. Adieu les baristas ! La principale clientèle des Luckin Coffee est composée de livreurs. Et grande différence avec  Starbucks : Luckin Coffee est une société chinoise.

 

Autre point de différenciation en faveur de Luckin Coffee ? La lenteur de Starbucks à nouer des partenariats (elle l’a récemment fait avec Alibaba). De plus, l’entreprise américaine a mis trop longtemps à accepter le paiement mobile avec Alipay et Wechat pay, privilégiant le cash et les cartes prépayées en plastique d’un autre âge. De son côté, Luckin Coffee, est un bébé licorne de 2 ans, adossé depuis ses premiers pas à Tencent.

 

 

La suite ?

Bien malin celui qui saura prédire la suite des événements : Starbucks, en Chine depuis 1999, possède une valorisation boursière bien plus importante que Luckin Coffee.

 

Coca-Cola vient d’investir dans la caféine en rachetant le Britannique Costa ; WeWork, la licorne du co-working dont les espaces sont de plus en plus courus en Chine, se positionne également sur ce marché juteux.

 

Nombreuses sont les licornes qui n’ont pas vécu longtemps. Ofo est mort, Mobike est en mauvaise posture. La barrière à l’entrée est basse. Le positionnement prix agressif n’est pas forcement tenable, les noms sont facilement remplaçables, les produits ne sont pas particulièrement innovants et les investisseurs très versatiles.

 

Sans vouloir gâcher la fête à venir avec l’introduction de Luckin Coffee à New-York, une question légitime se pose : qui sera la prochaine licorne à se faire remarquer sur ce florissant marché ?

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Stéphane Joly, Global Key Account Director, Altavia Europe

 

 

Acquisition de Creative Capital en Chine et mise en place d’une nouvelle organisation pour Altavia Asie

Acquisition de Creative Capital en Chine et mise en place d’une nouvelle organisation pour Altavia Asie 1600 850 Altavia

 

 

Creative Capital, l’agence de branding indépendante créée par Louis Houdart en Chine et aujourd’hui implantée à Shanghai, Jakarta et New-York, intègre Altavia Asie. Jing Legrand, jusqu’ici Présidente d’Altavia China, prend les rênes d’Altavia Asie. Louis Houdart, fondateur de Creative Capital, conserve sa fonction de Président de Creative Capital et devient Directeur de la stratégie d’Altavia Asia. Il est rattaché à Jing Legrand.

Agence de branding née en Chine, Creative Capital a progressivement étendu son offre au secteur du retail, du digital, de l’identité visuelle, du packaging ainsi que dans la production de courts-métrages à impact culturel. Depuis ces trois dernières années, Creative Capital a travaillé au service de l’image de marque de grandes entreprises chinoises ainsi que de nombreux groupes asiatiques en Corée, au Japon et en Indonésie. Plus récemment, l’agence a aidé des marques occidentales sur leurs propres marchés pour répondre au plus près des besoins des touristes chinois.

 

 

Créée en 2005, Altavia Asia accompagne les distributeurs et les marques leaders dans leur communication commerciale depuis ses bureaux de Shanghai, Guangzhou, Chengdu, Beijing, Hong Kong, Séoul et Tokyo.

 

 

L’expertise de Creative Capital dans le domaine de l’activation des marques alliée au savoir-faire d’Altavia en matière d’activation commerciale des retailers permettra à la nouvelle équipe de gagner en efficacité tout en proposant aux retailers de nouvelles solutions marketing plus innovantes, complètes et performantes.

 

Louis Houdart, président-fondateur de Creative Capital et directeur de la stratégie d’Altavia Asie

 

« Nous sommes ravis d’accueillir Creative Capital au sein de la famille Altavia. Depuis sa création il y a sept ans, Creative Capital a su gagner la confiance de nombreux clients renommés grâce à sa vision globale et à sa connaissance approfondie du marketing retail en Chine et en Asie. Ils ont acquis une riche et solide expertise dans la création de marque, le renouvellement de l’identité de marque et le placement de marque. » déclare Jing Legrand.

 

Jing Legrand, CEO d’Altavia China et d’Altavia Asia

 

« Creative Capital et Altavia partagent des valeurs communes : le goût du progrès, l’énergie, l’enthousiasme, l’humanité, le partage, l’intégrité, la transparence, la proximité, la simplicité et la fluidité. Cette communauté de valeurs constitue une base solide pour la coordination, l’intégration et le développement de nos deux équipes. Aujourd’hui, nous formons une famille. Nous attendons avec impatience de poursuivre ensemble notre croissance en Asie. » conclut Louis Houdart.

 

 

Market places

Market places et cross-border commerce : quel impact sur les marques et distributeurs ?

Market places et cross-border commerce : quel impact sur les marques et distributeurs ? 2560 1440 Altavia

 

Dans le cadre de la journée e-commerce organisée par l’IFM le 7 juin dernier à Paris, Jean-Marc Mégnin, Directeur Général de ShopperMind et expert en tendances shopper, a été invité à intervenir sur le thème « Market places et Cross border commerce : peut-on éviter le débordement ? ». L’occasion de s’entretenir avec lui et d’en apprendre un peu plus sur une tendance que marques et distributeurs ne peuvent plus se permettre d’ignorer.

 

Si le concept de market place est pour beaucoup déjà familier, il n’en va pas forcément de même pour le cross-border commerce. Quelle est sa définition selon vous ?

 

Qui dit market place dit abolition des frontières, aussi bien physiques que digitales. Les market places ouvrent des boutiques de commerçants qui ne sont pas forcément implantés localement. Prenons l’exemple du site français dédié au bricolage ManoMano, [NDLR : anciennement MonEchelle.fr]. Sur sa place de marché sont référencés aussi bien des vendeurs français, qu’italiens ou espagnols, des commerçants, des e-grossistes. Et certainement des marques qui en profitent pour discounter. Tout le monde peut vendre sur une market place : retailers de tous pays, marques, y compris de distributeurs, grossistes spécialisés dans la vente online, e-retailers pure players, retailers brick and mortar…ou tout bêtement votre boutique de quartier !

 

Justement, qu’est-ce qui pousserait mon épicier de quartier à vendre sur une market place comme Amazon ?

 

Si votre épicier veut étendre son activité, deux options s’offrent à lui. Soit il ouvre son propre site, ce qui l’oblige à avoir un gros trafic pour amortir son modèle, et l’on connaît le coût de recrutement sur le web pour un commerçant… il est exorbitant. Soit il décide d’ouvrir sa boutique sur Amazon. Cela ne coûte pas cher et Amazon peut se charger de toute sa logistique. De plus, cela lui permet de pouvoir dire à ses clients : « Si tu n’as pas le temps de venir chez moi, achète sur Amazon et je te livre ! ». C’est le cas de Eataly, à New York ou à Milan, qui confie à Amazon Prime Now la livraison de ses clients en moins d’une heure.

 

Dans votre présentation, vous parlez de « débordement ». Estimez-vous que la noyade des commerçants face à la tendance cross-border commerce sera inévitable ?

 

Pendant quinze ans, les commerçants ont appris à s’armer contre le e-commerce en devenant des marchands à la fois on et offline. Mais c’était sans compter le nouveau modèle destructeur que constituent les places de marché. La population de vendeurs tiers y est très hétéroclite. Et c’est dans cet hétéroclisme que réside le danger : on y trouve toutes les catégories de produits, de n’importe quelle origine et à n’importe quel prix. La politique des prix sur les market places va ainsi être extrêmement difficile à maîtriser ! Autre conséquence de cette évolution : la possibilité pour les marques de vendre en direct.

 

Ont-elles un réel intérêt à le faire ?

 

Dans un premier temps, cela risque de les déstabiliser, notamment dans les relations qu’elles entretiennent avec leurs distributeurs historiques. Ces derniers peuvent voir d’un mauvais œil le fait que les marques décident de vendre en direct. Néanmoins, compte-tenu, justement, de la quantité et de la diversité de l’offre que ce nouveau modèle va apporter, les marques vont être obligées de passer elles-mêmes à la vente directe pour garder le contrôle ou, au moins, pour voir comment cela marche. C’est inévitable. D’autre part, les marques y voient aussi l’opportunité de ‘’reprendre la main’’ sur leurs consommateurs pour mieux les connaître et anticiper les évolutions comportementales inhérentes à la révolution digitale. Pour mener à bien cette transformation, les marques devront travailler main dans la main avec les distributeurs et ne pas choisir un canal au détriment d’un autre !

 

En tant qu’expert du retail, quel regard portez-vous, personnellement, sur les market places ?

 

Je pense que c’est un modèle excessivement intéressant. Les deux historiques, Amazon et Alibaba, sont ceux qui influencent le plus les autres. Or, leurs modèles sont complètement différents ! Amazon a une ambition en totale adéquation avec son ADN américain : devenir le plus grand hypermarché du monde et servir le client, qui a toujours été prioritaire pour les américains et qui a fini par être un peu oublié chez nous. En revanche, l’obsession de Jack Ma, adepte du Taïchi, et fondateur d’Alibaba, est d’aider le small business, les petites boutiques. Il veut pouvoir offrir au petit producteur chinois la possibilité de vendre sur la totalité du territoire chinois, voire au-delà, mais également permettre aux petites marques du monde entier de pouvoir vendre en Chine. En cela, sa démarche est plus sociale : Alibaba a cette vocation d’aider les gens à s’ouvrir sur le monde.

 

Cette différence de culture s’exprime-t-elle également dans les fonctionnalités offertes par leurs sites respectifs ?

 

Effectivement, la qualité de traitement des boutiques de marques sur Alibaba n’a rien à voir avec celle que l’on trouve sur Amazon. Sur Alibaba, on peut flâner comme dans un centre commercial virtuel ! Même lorsqu’ils font leurs courses en ligne, les chinois ont pour habitude de flâner, s’informer et comparer avant d’acheter. Les market places l’ont compris en offrant aux marques des boutiques au look and feel très « virtual store ». Cela peut d’ailleurs influencer les marques de connaître ce type de boutiques clé en main, par le biais desquelles elles peuvent s’exprimer. Lorsqu’une marque veut s’exporter en Chine, soit elle ouvre son propre site et attend patiemment d’atteindre la barre du million de clients, soit elle va sur TMall avec un accès direct à 280 millions de clients !

 

Les marques ont-elles tout de même un intérêt à ouvrir leur propre site chinois ?

 

En général, elles ouvrent à la fois leur propre site et une boutique sur TMall, à l’instar de la marque enseigne Yves Rocher, ou encore Coca-cola. Le problème avec les market places, c’est que les data clients ne vous appartiennent pas. Il faut donc jouer un peu avec les deux !

 

En conclusion, quelle sera la prochaine étape, en France, du développement du cross-border commerce ?

 

L’alimentaire. C’est ce qui va devenir crucial. On s’attendait tous à voir débarquer très rapidement, en Europe les petits camions verts Amazon Fresh. En fait, ils se donnent du temps, tout en développant déjà leur service ‘’urbain’’, Amazon Prime Now, qui propose la livraison en une heure pour 5,90€ à ses abonnés Premium à Londres, Milan, Berlin, Barcelone et Paris depuis la semaine dernière. Et lorsque l’on voit les statistiques ou les annonces en déclaratif des Français, on se rend compte qu’ils sont prêts à acheter leur alimentaire en ligne. Ils le prouvent déjà quotidiennement avec le Drive et il n’y a pas de raison que demain, Amazon ne se taille pas une part dans ce marché-là. C’est balbutiant, ils ont largement le temps.