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Le rôle des plateformes d’e-commerce dans la vente d’articles de luxe en Chine : le cas de JD.com

Le rôle des plateformes d’e-commerce dans la vente d’articles de luxe en Chine : le cas de JD.com 1562 1202 Altavia

 

 

En Chine, les produits de luxe ne s’achètent bien souvent pas en boutique ou sur le site propre de la marque mais sur des plateformes comme Alibaba et JD.com. Cette dernière, originaire de Pékin, a plus d’un atout. Décryptage d’un phénomène parfaitement géré avec Stéphane Joly, Global Key Account Director chez Altavia.

« JD.com, le plus grand commerçant de Chine »

C’est la 2e plus grosse plateforme de e-commerce derrière Alibaba. Les chiffres communiqués lors de la conférence animée par Kevin Jiang, vice-président en charge du business international de JD.com, confirment que la plateforme est désormais incontournable.

 

Quelques chiffres :

 

  • Plus de 300 millions d’utilisateurs actifs, soit une augmentation de 30% par rapport à 2017.
  • Un chiffre d’affaires supérieur à 200 milliards de dollars (valeur des produits qui transitent sur la plateforme) à la fin 2018, soit une augmentation de 150% par rapport à l’année précédente.
  • Un résultat de 67 milliards de dollars, soit + 200% en un an pour une valorisation boursière de 46 milliards de dollars.
  • « JD.com se considère comme étant le plus grand commerçant de Chine et la 3e société Internet au monde, derrière Google et Amazon », relate Stéphane Joly.

 

 

Une plateforme incontournable

JD.com réunit à elle seule 160 000 marchands. On y trouve aussi bien de l’électronique, des produits frais, des biens de consommation, du textile, du matériel Hi-fi, du mobilier et de la décoration … Et des produits de luxe.

 

« D’après Kevin Jiang, les plateformes sont devenues des moteurs de recherche : 37% des utilisateurs viennent y chercher des produits et 42% de l’inspiration », précise Stéphane Joly.

 

 

Les atouts de JD.com

Si la plateforme originaire de Pékin n’est que seconde derrière Alibaba avec ses deux plateformes d’Alibaba, Taobao et Tmall qui réunissent 600 millions d’utilisateurs actifs, elle a néanmoins su se démarquer sur plus d’un point. « JD.com a décidé de s’allier à Tencent, dont la messagerie WeChat est le plus gros réseau social en Chine, avec 1 milliard d’utilisateurs actifs. Ce partenariat est très stratégique car il permet à la plateforme de collecter un grand nombre de données et ainsi de parfaitement cibler leur communication auprès des utilisateurs. Alibaba de son côté, ne repose sur aucun réseau social ». JD.com s’est également associé au moteur de recherche Baidu ainsi qu’à Toutiao, plateforme de news et de contenus vidéo. « Un positionnement très intelligent, qui permet à JD.com de capter de l’information sur les produits susceptibles de plaire à ses clients », ajoute Stéphane Joly.

 

Autre atout : le contrôle des contrefaçons. JD.com exerce une politique stricte, qui porte ses fruits – à la différence d’Alibaba, qui souffre de son manque de fiabilité dans ce domaine –.

 

JD.com s’appuie également sur une excellente logistique. 90% des articles proposés peuvent être livrés en 24H en Chine. Un système de livraison VIP est proposé et les jeunes femmes se voient par exemple livrer leur commande, par de beaux jeunes hommes en gants blancs…

 

 

JD Luxury

En Chine, les produits de luxe ne s’achètent bien souvent pas en boutique ou sur le site propre de la marque mais sur des plateformes comme JD.com, qui a lancé JD Luxury.

 

Qui sont les acheteurs du site ? D’après Kevin Jiang, 74% ont entre 26 et 45 ans et 60% viennent des grosses villes.

 

« Le site a une très belle ergonomie et tous les codes associés aux marques sont respectés, décrit Stéphane Joly. Beaucoup de marques prestigieuses, comme Paul Smith, Prada, Tod’s, Escada, Fred, Versace…  y ont ouvert une boutique à leur nom. La livraison est assurée par la plateforme ». Le taux de retour, situé entre 15 et 20%, est bien inférieur à celui d’autres sites chinois ; une preuve de l’efficacité de la collecte de données, rendue possible grâce, notamment, au partenariat avec Tencent.

 

« Il se trouve que les consommateurs chinois de produits de luxe perdent de plus en plus l’habitude de se faire livrer de l’étranger, révèle Stéphane Joly. L’écart des prix de vente entre ceux pratiqués en Chine et ceux dans le pays d’origine, a tendance à se réduire. Les nouvelles lois anti # (Daigou) – ces fameux intermédiaires qui achètent des articles de luxe à l’étranger pour le compte d’autrui et les passent en douane en revenant en Chine sans s’acquitter des taxes d’importation- font que désormais, 22% des achats d’articles de luxe se font en Chine, contre 8% auparavant. »

 

 

JD est capable de bien cibler la « génération Self » qui désormais crée sa propre mode

Il y a encore quelques années, les Chinois n’étaient attirés que par les marques (et souvent les mêmes). Ils sont désormais moins suiveurs et beaucoup plus intéressés par le design.

 

« Le consommateur chinois de la « génération self », fait partie de la 2e génération de l’enfant unique, – la première sans cousins -, raconte Stéphane Joly. Il est très égocentrique, curieux, et a confiance dans sa capacité à créer sa propre mode, à la recherche du produit design de niche ». Un véritable défi pour les marques de luxe, qui ne peuvent plus prévoir comme auparavant ce qu’achèteront ces consommateurs. « On parle d’Audience X, pour faire référence au fait qu’avec l’ultra personnalisation, il est difficile de savoir ce qui aura du succès ». Mais bonne nouvelle, avec l’accès au luxe des villes moyennes et secondaires chinoises, le potentiel de croissance pour ces marques est phénoménal.

 

 

L’influence des Key opinion leaders

Si les Chinois font confiance dans leur capacité à créer leur propre mode, ils suivent également beaucoup les avis des influenceurs sur les réseaux sociaux. « Le social commerce, lié à l’interaction entre les médias sociaux et la puissance des influenceurs est très développé en Chine, indique Stéphane Joly. En peu de temps, une marque peut ainsi grimper… ou chuter ! Ce fut le cas de Dolce&Gabbana fin 2018, qui ne s’en est toujours pas remise.»

 

Un phénomène incontournable, que les marques de luxe doivent également intégrer dans leur stratégie. A ce titre, JD.com a su devenir, en moins de 5 ans, un intermédiaire incontournable dans la conquête de ce marché florissant.

 

 

La culture du Care Commerce : marquer la différence, générer la préférence

La culture du Care Commerce : marquer la différence, générer la préférence 1678 1119 Altavia

 

La création d’une relation forte et pérenne entre un client et une marque ne peut plus se faire sans un engagement sociétal fort de la part de cette dernière. Les valeurs telles que la générosité, l’empathie ou la bienveillance occupent en effet une place très importante dans les attentes des consom’acteurs® et notamment de la jeune génération. Tour d’horizon des bonnes initiatives avec Thierry Strickler, Retail Market Intelligence Lead chez Altavia.

D’après une étude de KPMG d’octobre 2016, les valeurs telles que la générosité, l’empathie ou la bienveillance sont particulièrement appréciées par la génération des 18/25 ans. « La grande majorité des jeunes considère la générosité comme une qualité importante, voire prioritaire, commente Thierry Strickler. Des initiatives de la part de certains retailers révèlent une réelle capacité d’empathie envers les clients. Ces derniers sont considérés sans aucun préjugés, par des enseignes qui partagent avec eux une problématique et offrent des solutions. »

 

Ces initiatives favorisent la création d’une relation forte et pérenne entre la marque et ses clients. « La culture du Care est un levier de distinction, analyse Thierry Strickler L’enseigne dépasse sa fonction première de sélection et de vente de produits ou de services pour marquer la différence et générer, à terme, la préférence.  Une enseigne qui fait attention à ses collaborateurs, ses clients, son impact sociétal et environnemental va asseoir les piliers de son succès. »

 

Quelques exemples, ici et là :

  • Le suisse Migros va lancer une plateforme appelée AMIGOS, pour mettre en relation les clients entre eux. Objectif : permettre d’organiser les livraisons entre voisins. Une solution pour toutes les personnes à mobilité réduite ou celles qui manquent de temps. En contrepartie, le client-livreur recevra 7 euros pour le premier sac de courses, puis 1,70 euros par sac supplémentaire.

 

  • Dans le même esprit, le belge Colruyt a crée le réseau social d’entraide Aporto, pour les personnes à mobilité réduite, en manque de temps ou ne possédant pas de voitures. Un voisin pourra alors faire leurs courses chez Colruyt et se charger de les livrer.

 

  • A l’occasion de la Foire aux vins, Carrefour a décidé de remercier les clients ayant acheté une ou plusieurs bouteilles, en leur envoyant un mail contenant les fiches dégustation correspondantes. Ou comment renforcer les liens clients-enseigne !

 

  • Wegmans a mis en place une technologie à destination des personnes non-voyantes. Grâce à une application gratuite et la caméra du Smartphone, le client peut être guidé dans le magasin par un membre de l’équipe.

 

  • Tesco, réorganise ses magasins durant une heure, chaque semaine, afin que les personnes autistes puissent effectuer leurs courses en toute sérénité : lumière plus douce, absence de musique ou d’annonces micro … Un environnement adapté à des besoins particuliers.

 

  • Pour la 2e année consécutive, l’enseigne Bio c’est bon a proposé aux porteurs de la carte de fidélité de faire livrer gratuitement des packs d’eau à une personne âgée, durant le mois d’août. Un service permettait également de confier ses plantes vertes durant les vacances.

 

Finalement, les nouveaux services générant une relation pérenne entre une marque et ses clients sont entièrement basés sur les besoins de ces derniers. Carrefour l’a bien compris en proposant la livraison gratuite à domicile pendant 9 mois pour les femmes enceintes. De son côté, Total profitait de la canicule pour offrir un kit de survie aux bébés sur les aires d’autoroute. Les exemples sont de plus en plus nombreux. Et c’est une bonne nouvelle.